Petite et Grande Histoire des Paroisses et Edifices Regligieux de l'Unité Pastorale de Sainte Marthe
† « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les travailleurs travaillent en vain.»
Nous vous invitons à une découverte, ou redécouverte, de nos paroisses qui ont possédé ou possèdent encore, pas moins de 61 églises, chapelles ou oratoires dont 22 encore affectés au culte catholique et 1 au culte protestant. Nos aînés dans la foi nous ont légué ce patrimoine exceptionnel, témoins de leur foi, de leur courage, de leur fidélité au message de Jésus, de leur amour de l’Église et de leur intelligence. Ils avaient le sens de la beauté et leurs œuvres provoquent, près de mille ans ou plus après leur construction, le même émerveillement toujours renouvelé à l’instar de cette parole de saint Augustin évoquant l’Église: « beauté ancienne, beauté toujours nouvelle! ».
Les pierres parlent, les orgues et les cloches chantent, les vitraux illuminent l’espace, les statues et les tableaux s’animent et renouent un dialogue jamais achevé avec tous ceux qui passent, fidèles, pèlerins ou simples visiteurs. Derrière ces vestiges du temps passé on trouve des hommes et des femmes, des religieux et des fidèles amoureux et rêveurs, fous de Dieu, parfois orgueilleux et fiers de leur art, parfois humbles artisans anonymes, donateurs portant armes et blason ou de condition modeste, tous ont permis qu’aujourd’hui nous nous sentions en communion avec eux et déjà avec ceux qui viendront après nous. Nous sommes remis à notre juste place, des « passeurs », des témoins, des maillons dans la longue chaîne des générations. Ainsi va le Peuple de Dieu de cette terre vers le Ciel dont nos églises voudraient être le reflet. L’église devient alors le seuil, le parvis, l’antichambre de ce monde mystérieux dans lequel un jour nous entrerons, comme promis par le Christ victorieux de la mort.
N’admirons pas seulement une église pour son admirable agencement de pierres mais pour le sang des chrétiens qu’elle a coûté et pour l’élan de foi qu’ils nous ont légué dont nous sommes aujourd’hui les héritiers et les témoins.
Bonne visite à tous, en espérant vous donner envie d’aller voir de plus près ces joyaux qui sont l’honneur de ceux qui les ont créés « pour la plus grande gloire de Dieu »!
Quand et comment sont nés nos lieux de culte ?
La dimension du sacré.
Toutes les religions possèdent des lieux particuliers considérés comme sacrés, c’est-à-dire à part, distincts des lieux de pouvoir (le palais du roi par exemple) et des lieux de vie (commerces, habitations, ateliers, salles de spectacle, etc…). Les plus anciennes traces humaines révèlent cet attrait typiquement humain pour la vie spirituelle dans les grottes préhistoriques par exemple. Ce sont souvent des lieux de rites funéraires, démontrant que dès l’origine de l’homme la croyance en la survie de l’âme était bien présente à son esprit. Ces hommes ont voulu inscrire sur la terre la transcendance en laquelle ils croyaient. C’est ce qu’on appelle la dimension sacrée de l’espace, les lieux où « souffle l'esprit ».
De l’ecclesiola à l’ecclesia.
Les Actes des Apôtres et les Lettres de saint Paul en font foi ; les chrétiens, contrairement aux autres religions, n’ont pas voulu d’espace sacré particulier. Ils se réunissaient dans leurs maisons et adaptaient par exemple la salle à manger de leur « domus » en petite église, « ecclesiola » en latin. On y célébrait la messe et les autres sacrements, parfois dans d’autres pièces, dans des grottes ou dehors, dans des jardins ou au bord des rivières pour les baptêmes par exemple. C'est là qu'on y enseignait aussi la doctrine chrétienne. L’Église a donc d'abord été « domestique ». L'assemblée des fidèles du Christ, appelée en grec « ecclesia », se tenait discrètement au domicile des frères et sœurs de la communauté des croyants. L’Église s'est dotée ainsi très rapidement d'un réseau efficace de relais à travers les familles chrétiennes.
Pour le disciple du Christ, le vrai sanctuaire, le véritable espace sacré, c’est l’homme. Saint Paul, puis saint Pierre, reprenant les expressions de Jésus, rappellent dans leurs lettres que « l’homme est le temple de l’Esprit ». La destruction du Temple de Jérusalem en l’an 70, par le général romain Titus, était d’ailleurs bien le signe du refus de Dieu d’avoir un temple fait de mains d’homme. Tous les prophètes de l’Ancien Testament l’avaient d’ailleurs déjà clamé haut et fort.
Le temple chez les païens comme chez les juifs était un lieu fermé au profane, réservé au clergé et excluait toute participation des fidèles, tenus en respect devant les marches monumentales de l’édifice. C’est là que s’accomplissaient les sacrifices et non dans le lieu sacré. Ce dernier renfermait la statue de la divinité invoquée ou chez les juifs, l’Arche d’Alliance.
Le temple chez les païens comme chez les juifs était un lieu fermé au profane, réservé au clergé et excluait toute participation des fidèles, tenus en respect devant les marches monumentales de l’édifice. C’est là que s’accomplissaient les sacrifices et non dans le lieu sacré. Ce dernier renfermait la statue de la divinité invoquée ou chez les juifs, l’Arche d’Alliance.
Les premiers chrétiens détestaient ces lieux dits « sacrés » qui ne l’étaient pas du tout pour eux. Un certain nombre de chrétiens zélés s’en sont d’ailleurs pris violemment à ces édifices et les ont même parfois démolis de leurs propres mains, comme le martyr saint Polyeucte, dont l’histoire inspira à Pierre Corneille, au XVIIe siècle une belle œuvre théâtrale. Cependant, en raison du nombre de conversions, les chrétiens ont dû faire face à l’afflux de fidèles. Les maisons étaient trop exiguës. On se contenta alors le plus souvent de construire un lieu de culte qui prit le nom de la communauté, « ecclesia » (église) sur la maison qui avait abrité l’assemblée qui s’y réunissait. On le voit très bien à Rome dans la basilique de Saint Clément (photo ci-contre, encore visible, au 3ème niveau inférieur de la basilique) qui a conservé la structure initiale de la maison (domus) sous la première église du IVe siècle. Il existait aussi des édifices très vastes et richement décorés dès le IIIe siècle. La ville de Nicomédie (Izmit en Turquie) possédait par exemple une grande cathédrale, que l’empereur Dioclétien fit raser en février 303, en martyrisant au passage 20 000 chrétiens !
Les plus anciennes églises.
Des archéologues ont retrouvé en 2008 ce qui est considéré par certains comme le plus ancien lieu de culte chrétien connu à ce jour ; une grotte aménagée en église datée de 33 à 70 après J-C, découverte sous une église datée de 230 environ et dédiée à Saint Georges à Rihab, dans le nord de la Jordanie. Eusèbe de Césarée, grand historien du IVe siècle évoque la fuite de 70 chrétiens partis de Palestine pour la Jordanie pour éviter les persécutions. Une magnifique mosaïque atteste les dires d’Eusèbe, juste devant les marches du chœur de l’église supérieure. Ce chiffre rappelle les 70 disciples envoyés en mission par Jésus.
L’église des 70 premiers disciples du Christ datée des années 33 à 70 après Jésus-Christ fut recouverte, en l'an 230, par une autre église, en l'honneur de Saint-Georges (ci en Haut à gauche)
Quelques autres sanctuaires précèdent de peu la Paix de Constantin de 313.
A Doura-Europos, en Syrie, une église datée de 256 nous est parvenue intacte. Elle est aménagée sur une habitation, et possède un cycle de fresques remarquablement conservées.
La guérison du paralytique
Le Christ marchant sur l’eau tendant la main à Pierre
Jésus Christ, Le Bon Pasteur
En Arménie, à Etchmiadzine, une église très vaste est datée de 301, ce qui correspond à la date de fondation du premier royaume chrétien de l’histoire sous le roi Tiridate IV.
En Bulgarie, la capitale Sofia possède la plus ancienne église du continent européen ; la basilique Sainte Sophie de 313, parfaitement conservée. C’est l’époque de l’Édit de Milan par lequel l’empereur Constantin et son collègue Licinius, autorisent le culte chrétien et abolissent les lois discriminatoires contre les fidèles du Christ. Cet édit mettait fin à 250 ans de persécutions dramatiques et pourtant fécondes en sainteté.
Enfin, c’est à Rome en 316, que Constantin fait édifier la première cathédrale dédiée à la Transfiguration du Saint-Sauveur, appelée aujourd’hui Saint Jean-de-Latran, puis les basiliques Saint-Pierre-du-Vatican et Saint Paul-hors-les murs. De la même époque datent les basiliques de Saints-Marcellin-et-Pierre, Sainte Agnès via Nomentana, Les Quatre-Saints-Couronnés et d’autres églises.
De la même époque datent les basiliques de Saints-Marcellin-et-Pierre, Sainte Agnès via Nomentana, Les Quatre-Saints-Couronnés et d’autres églises.
Sa mère, sainte Hélène fait édifier à Jérusalem la basilique de la Résurrection (Anastasis) et celle de la Nativité à Bethléem, que l’on peut toujours admirer.
En Provence et dans le terroir de Tarascon.
Naissance mystérieuse.
L’évangélisation en Provence est un sujet complexe et encore enveloppé de mystères. Peu à peu l’archéologie, au hasard des découvertes, nous livre de précieux indices.
Le message évangélique parvient probablement très tôt dans cette partie de l’Empire Romain. Marseille est un grand port qui accueille des commerçants et des marins de tout le bassin méditerranéen. De plus, une communauté juive y est active. Le couloir rhodanien a été aussi vecteur d’évangélisation. En 177, les premiers chrétiens de Vienne et de Lyon périssaient dans la capitale des Gaules, Lugdunum. Un diocèse y existait au moins depuis 150, voire avant. Il est donc certain que dès la fin du premier siècle la population a été en contact avec le christianisme.
Cependant il faut rappeler que les provençaux de cette époque, issus des vétérans des armées romaines, descendants des ligures ou des grecs, étaient très attachés au modèle romain, très fidèles à la religion de Rome et à ses institutions. Cela explique pourquoi le christianisme y a pénétré très lentement.
Arles aux avant-postes.
Vers 200, on voit apparaître à Arles une chrétienté promise à un grand avenir. En 250, la persécution de Dèce y laisse des traces. Le greffier saint Genest, refusant de transcrire l’ordre impérial, est mis à mort à Trinquetaille. Un militaire, saint Victor et d’autres chrétiens, dont on a retrouvé les tombes et les corps mais pas les noms, sont martyrisés à Marseille. En 254, l’évêque d’Arles, Marcien, se fait remarquer en refusant de réintégrer dans l’Église les « lapsi », c’est-à-dire ceux qui ont renié leur foi pendant la persécution. Il exige d’abord qu’ils soient baptisés de nouveau. Saint Cyprien de Carthage lui en fait le grief en écrivant au pape une lettre qui signale pour la première fois le nom d’un évêque en Provence.
Des diocèses sont créés à Marseille, Apt, Orange, Nice dès le III e siècle puis à Avignon, Cavaillon, Aix, Fréjus, Vaison, Digne au IV e siècle. La Provence est entièrement sous le contrôle de l’Église à partir du VIe siècle. Arles domine spirituellement la région même si Aix, capitale administrative de la Narbonnaise Seconde, devient, elle aussi, archevêché au Ve siècle.
Tarascon et Sainte Marthe.
Tarascon est alors une petite bourgade, lieu de passage au bord du Rhône, vers la province de Narbonnaise Première, qui s’appellera plus tard Languedoc. Sur son territoire s’élève encore une petite cité d’origine grecque, romanisée en Ernaginum détruite en 480. C’est aujourd’hui le quartier où s’élève la chapelle Saint Gabriel.
La présence d’un culte à sainte Marthe, attesté au moins depuis le Xe siècle, et les vestiges d’une maison romaine, d'une tombe vide creusée à même le roc, d’un autel paléochrétien et du sarcophage d’environ 320, nous invitent à penser que Tarascon fut évangélisé assez tôt. Selon la tradition sainte Marthe, après avoir répandu le message évangélique, y serait morte vers 70.
Cette première évangélisation n’a pas laissé de traces écrites. Seule l’archéologie et l’accumulation des sanctuaires dédiés à notre sainte patronne sur le même lieu sont des indices précieux. De nombreuses légendes fleuriront à partir du XIIe siècle brouillant quelque peu les pistes. C’est ce qu’on appelle la « tradition des saints de Provence », remise en cause dès le XVIIe siècle et toujours battue en brèche par les savants d’aujourd’hui.
Comment Marthe et ses compagnons sont-ils arrivés jusqu'à nous, nous n'en savons rien. Nous pouvons imaginer qu'à la faveur des persécutions en Palestine entre 48 et 50, une partie des fidèles du Christ a fui et a gagné les communautés juives de la diaspora, nombreuses sur le pourtour méditerranéen. Les liens de parenté, d'amitié et les réseaux commerciaux ont favorisé une mise en sécurité des premiers chrétiens persécutés. La Provincia Romana, notre actuelle Provence, était calme, prospère et tolérante.
On comprend mal, si Marthe n'est jamais venu ici, comment son souvenir a perduré jusqu'à aujourd'hui, et toujours au même endroit. S'agit-il d'une autre Marthe, locale cette fois, qui aurait été une chrétienne si courageuse qu'on l'aurait comparée à l'hôtesse du Christ. Ce n'est pas impossible, d'autant qu'il existe chez les romains des femmes se prénommant Martha. Enfin, on peut imaginer que les reliques d'une certaine Marthe, dont on ignore la provenance, auraient été amenées à Tarascon pour y être honorées. Il existe en effet plusieurs martyres de ce nom en Orient. Avec le temps, on aura associé l'histoire de notre Marthe de l’Évangile à celle moins connue d'une autre Marthe.
En tout état de cause, il est troublant que saint Césaire, évêque d'Arles, n'évoque jamais les saints provençaux, dont Marthe, dans ses sermons et qu'aucune trace écrite ne nous soit parvenue par le biais d'auteurs chrétiens de l'époque. Les bréviaires provençaux ignorent nos saints jusqu’au XIIIe siècle.
Si Marthe est venue à Tarascon, la première évangélisation fut somme-toute fort modeste.
En revanche, vers 320, la communauté chrétienne, qui s’est étoffée avec les ans, peut édifier autour de la tombe primitive de sainte Marthe, une nouvelle structure cultuelle. C’est la première église de Tarascon. Elle accueille à cette époque un magnifique sarcophage romain, en marbre précieux, très proche de celui d’Arles daté de cette époque. Les restes de la sainte sont transférés dans ce nouveau tombeau, qui commence à attirer les pèlerins. L’actuelle crypte a dévoilé ses secrets en 1979, lors des fouilles effectuées à la faveur d’une restauration complète du sol, déformé par les inondations successives du Rhône, « tarasque » jamais tout à fait domptée ! La maison dite de Marthe (domus Marthae) fait place à une petite basilique. La première trace écrite d’une « église Sainte Marthe » encore conservée, remonte à 969, si l’on excepte le témoignage perdu de la guérison du roi Clovis en 507, le document ayant été brûlé à la Révolution et que les historiens rejettent.
A cette époque, Tarascon n’est encore qu’un village qui dépend du diocèse d’Arles.
D’autres lieux habités s’organisent ; Laurade, Tavez (Altaves), Rupian (Le Roubian), Ernaginum à l’est, Lansac au sud, mais aussi Borbona (Boulbon) au nord.
On ne parle pas encore de « paroisse ». Ce sont des communautés très petites qui n’ont guère laissé de traces. Seul le lieu-dit Notre-Dame du Château a légué à la postérité de la poterie marquée de la croix du Christ datée du Ve siècle.
Les paroisses de Tarascon.
Au Ve siècle, le diocèse d’Avignon est créé. On connaît le nom de son premier titulaire, Nectarius (Nectaire) documenté de 439 à 451.< /p>
Ce petit diocèse comprend la ville d’Avignon et la portion septentrionale du pays d’Arles qui englobe Châteaurenard, Saint-Rémy-de-Provence et Tarascon, ainsi que les villages qui les environnent.
Cependant le terroir de Tarascon sera désormais coupé en deux parties ; les paroisses de Sainte Marthe de Tarascon, Saint Thomas de Laurade, Saint Marcellin de Boulbon et Saint Pierre-de-Mézoargues, relèveront du diocèse d’Avignon, tandis que l’Assomption de Lansac et Saint-Étienne-du-Grès, relèveront du diocèse d’Arles. Mas-Blanc dépendra du Grès tandis que Saint Gabriel relèvera de Lansac. Plus tard, au XIIIe siècle sera créée l’église Saint Jacques, paroisse au moins depuis le XIVe siècle. L’abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet restera soumise à Sainte Marthe. Le diocèse d’Arles ne survivra pas à la Révolution et les paroisses du terroir de Tarascon seront toutes rattachées en 1802 au nouveau diocèse d’Aix-en-Provence, qui plus tard relèvera le titre d’Arles.
Nos paroisses ont été érigées progressivement en fonction de l’accroissement de la population. Le mot « paroisse » dérive d’un mot grec qui signifie « ce qui est autour de la maison », sous-entendu la « maison-église ». C’est donc une circonscription nouvelle qui apparaît vers le IVe dans les villes puis au Ve siècle pour évangéliser les campagnes. La paroisse naît d’une communauté qui se réunit dans une église autour d’un marché, d’un lieu de pouvoir comme un château ou d’un grand domaine foncier qui a succédé à la « villa » gallo-romaine. Nos « villages » sont les héritiers directs de cette nouvelle organisation ecclésiale. La paroisse anime spirituellement le village, avec un prêtre qui prend soin des âmes (cura animarum) d’où son nom de « curé ».
Les paroisses de Sainte Marthe de Tarascon et Laurade remontent probablement au VIe siècle, alors que le concile de Vaison II en 529 institue les paroisses dans notre région, et sont donc parmi les plus anciennes de Provence. Sainte Marthe restera jusqu’au XVIIIe siècle l’église-mère où sont pratiqués tous les sacrements. Les autres paroisses auront leurs propres registres tardivement.
Saint Jacques sera érigée peut-être au XIVe siècle, Boulbon vers 1400, Saint-Étienne-du-Grès vers 1550, Lansac en 1661, Saint Pierre-de-Mézoargues en 1665.
Vers 1810 la paroisse de Laurade disparaît et son église Saint Thomas est sécularisée. La paroisse de de Saint Jacques fusionne avec Sainte Marthe en 1951 et Lansac sera rattachée à Sainte Marthe en 1969, à la fermeture de la communauté des Carmes du Petit Castelet.
Le clergé au service des fidèles.
Pendant longtemps, il n’y eut qu’un curé et quelques moines pour desservir Tarascon et Boulbon. De nombreux prieurés étaient régulièrement desservis comme Lansac, Saint Gabriel, Saint Julien de Boulbon ou Saint Victor de Tarascon par un ou deux religieux. La puissante abbaye de Montmajour attirait aussi beaucoup de vocations. A partir de 1096, les Bénédictins de Saint Victor de Marseille possèdent le prieuré Saint Nicolas à Tarascon.
La vie religieuse féminine n’apparut dans notre territoire qu’en 1358. Auparavant les filles qui voulaient se consacrer à Dieu entraient à l’abbaye Saint Césaire d’Arles ou chez les Bénédictines de Saint Laurent d’Avignon.
A partir du XIIe siècle, Tarascon comptait un curé à Sainte Marthe qui était appelé Archidiacre. Il était également Doyen du Chapitre de la cathédrale d’Avignon et Prieur des Chanoines de Frigolet. Il avait des vicaires et 6 chanoines chantant l’Office. A la fin du XIVe siècle, il faut y ajouter les curés de Saint Jacques, Laurade et Boulbon, qui desservait aussi Mézoargues. On trouvait à Tarascon des moines Bénédictins, des Templiers, des Trinitaires, des Dominicains (Prêcheurs), des Franciscains (Cordeliers) et une abbaye de Bénédictines. L’Ordre de Saint Jean de Jérusalem possédait des biens à Laurade, Tarascon et Lansac. On peut estimer à 200 les membres du clergé à cette époque pour environ 10 000 âmes dans tout le terroir.
Sous l’Ancien Régime, c’est environ 5 % de la population qui était engagée dans les ordres, car outre les 7 curés de paroisse et leurs vicaires, on comptait le Chapitre Royal de la Collégiale avec 30 ecclésiastiques, de nombreux chapelains, des « prêtres habitués » qui ne célébraient que la messe, 5 communautés féminines et 9 communautés masculines ! Nous avons trouvé dans le recensement de 1709, 58 prêtres, 103 religieux et 94 religieuses, soit 255 membres du clergé pour 9 100 habitants.
En 1836, le recensement compte, pour 10 774 habitants à Tarascon, 73 membres du clergé : 16 prêtres, dont 4 curés (Sainte Marthe, Saint Jacques, Lansac et Le Grès) et 57 religieuses, dont 1 communauté d’Ursulines, 2 communautés de Sœurs de Saint Thomas, et quelques religieuses de communautés d’Ancien Régime disparues. Boulbon comptait 1041 habitants en 1831 et un seul curé desservait la paroisse. Mézoargues abritait 105 âmes avec un seul curé desservant. Aucune congrégation masculine n’est présente à cette date sur le territoire.
En 1900, d’après l’annuaire diocésain et le recensement de 1901, on comptait pour notre actuelle Unité Pastorale Sainte Marthe, 6 curés, 6 vicaires, 4 aumôniers, soit 16 prêtres diocésains, sans compter les 14 Chanoines Prémontrés de Frigolet, 15 Carmes au Petit-Castelet, 8 Frères de Saint Régis au Grand Mas de Lansac, 11 Frères du Sacré-Cœur, soit 48 religieux et 46 Visitandines, 12 sœurs de Notre-Dame-Auxiliatrice, garde-malades, 6 religieuses enseignantes des Saints-Noms-de-Jésus-et-Marie, 39 sœurs hospitalières de Saint Thomas-de-Villeneuve en 3 couvents et 10 sœurs de Saint Joseph en 3 communautés, soit 152 religieuses. On obtient un total impressionnant de…216 membres du clergé pour 12 381 habitants!
Aujourd’hui ces paroisses sont regroupées dans le cadre de l’Unité Pastorale Sainte Marthe, mais chaque paroisse conserve son autonomie pour la gestion des registres des sacrements et des obsèques, de la comptabilité et des activités comme la catéchèse, la prière liturgique, l’entretien des lieux de culte, la vie culturelle. Un seul curé dessert l’UP Sainte Marthe, avec 2 prêtres, aumônier et auxiliaire, 4 Chanoines Prémontrés, 19 Visitandines, 1 Bénédictine et 3 membres de Notre-Dame de Vie. On compte pour près de 19 000 habitants, 30 membres du clergé.
Les temps ont changé et la mission continue plus que jamais, puisqu’il faut ré-évangéliser un terroir qu’on croyait ensemencé depuis longtemps… « Beauté ancienne, beauté toujours nouvelle » !
Liste des édifices cultuels de notre Unité Pastorale Sainte Marthe
On dénombre 61 édifices religieux dont 50 sont visibles sur notre territoire, 22 affectés au culte catholique et 1 au culte protestant.
- Collégiale Royale Sainte Marthe (crypte Sainte Marthe, église basse Notre-Dame du Peuple, église supérieure Notre-Dame de l'Assomption)
- Église Saint Jacques (paroisse jusqu’en 1951)
- Chapelle Sainte Marie l’Égyptienne (dite de la Persévérance)
- Chapelle de la Visitation Sainte Marie
- Chapelle de l’Hôpital
- Basilique de l’Immaculée-Conception de Frigolet et chapelle Notre-Dame du Bon Remède.
- Chapelle Saint Michel de Frigolet
- Chapelle de l’Annonciation (Château de la Motte)
- Chapelle du Sacré-Cœur de l’École Sainte Marthe
- Oratoire de Béthanie (ancienne chapelle Sainte Anne et Saint Martin)
- Chapelle Saint Victor
- Chapelle Notre-Dame de Bonaventure
- Chapelle Sainte Élisabeth de l’Ilon
- Chapelle Royale du Château
- Oratoire Royal du Château
- Chapelle Saint Nicolas des Ursulines
- Chapelle Saint Jean-Baptiste des Prêcheurs (Théâtre)
- Chapelle de la Très Sainte Trinité des Trinitaires (habitation)
- Chapelle Sainte Marthe-Saint Armand des Capucins (habitation)
- Chapelle Saint Laurent des Cordeliers (Musée d’art et d’Histoire)
- Chapelle des Cinq-Plaies du Christ des Pénitents Gris (Archives Municipales)
- Chapelle Saint Jean-Baptiste des Pénitents Noirs (Cinéma)
- Chapelle des Frères Mineurs de l’Observance (garage, en partie détruite pour la construction de l’immeuble de la Cardère)
- Chapelle Saint Antoine Abbé, des Antonins (salle d’association)
- Abbatiale Royale Saint Honorat et Sainte Marie (habitation, en partie détruite après la Révolution)
- Chapelle des Saints Noms de Jésus et Marie (Souleïado)
- Chapelle des Frères Mineurs de l’Observance de la Motte (ruinée)
- Chapelle des Clarisses puis de la Visitation puis des Ursulines (bombardement 1944)
- Chapelle Sainte Anne la Royale des Augustins Déchaussés (bombardement 1944)
- Chapelle du Collège des Doctrinaires (démolie en 1934)
- Chapelle de Saint Nicolas de Myre de l’Hôpital Saint Nicolas (transformée en habitation)
- Chapelle de la Nativité de la Vierge Marie de la Charité (bombardement 1944 puis démolition complète)
- Chapelle des Pénitents Blancs des Prêcheurs (détruite à la Révolution)
- Chapelle Saint Michel (détruite au XIV e siècle)
- Chapelle Saint Lazare (détruite à la Révolution)
- Chapelle Saint Hervant (détruite en 1642)
- 37-Chapelle Saint Clément (détruite en 1642)
- Église Notre-Dame de l’Assomption (ex-église Saint Pierre)
- Saint Gabriel
- Notre-Dame du Mont-Carmel du Petit-Castelet
- Chapelle Saint Joseph du Grand Mas de Lansac
- Chapelle de la Commanderie de Malte (chapelle privée de la famille Body)
- Église Saint Étienne (ex-église Saint Vincent)
- Chapelle Notre-Dame du Château
- Chapelle de la communauté protestante de Pomeyrol
- Chapelle Saint Lambert de Vence (ex-chapelle Saint Roman) de Mas-Blanc-des Alpilles
- Chapelle du Château de Mas Blanc (privée)
- Église Saint Thomas de Laurade (habitation)
- Chapelle du Château de Pomeyrol (Foyer du Soleil)
- 50-Chapelle Notre-Dame de Bon Voyage.
- Église Saint Joseph
- Chapelle Saint Marcellin
- Chapelle Saint Julien
- Oratoire du Sacré Coeur de la Maison Basse (privée)
- Notre-Dame de la Valette des Pénitents (habitation)
- Église Sainte Anne (Salle communale)
- Chapelle Saint Andéol (ruinée)
- Chapelle Saint Christol (ruinée)
- Chapelle du Château (ruinée)
- Église Saint Pierre-aux-Liens
- Chapelle des Bénédictines de Saint Honorat au Château de Campredon (habitation)
Paroisse Sainte Marthe de Tarascon
Affectés au culte
Désaffectés mais entièrement conservés
Désaffectés et transformés
Chapelles détruites
Paroisse Notre-Dame de l’Assomption de Lansac (rattachée à Sainte Marthe de Tarascon)
Affectés au culte
Désaffectés
Paroisse Saint Étienne de Saint-Étienne-du-Grès
Affectés au culte
Désaffectés
Détruite.
Paroisse Saint Joseph de Boulbon
Affectés au culte
Désaffectés
Paroisse Saint Pierre-aux-Liens de Saint Pierre-de-Mézoargues
Affecté au culte
Désaffecté
Plusieurs propriétés ont conservé de petites chapelles qui sont privées mais désaffectées, comme le Mas Grivet, le Mas de la Chapelle ou le Mas Dalméran à Saint-Étienne-du-Grès et au Mas du Prieuré à Boulbon.
Si l'église basse de Sainte Marthe (appelée crypte) remonte au premier siècle, le dernier-né des lieux de culte se trouve chez la famille de Pierrefeu à la Maison Basse. Il s'agit d'un oratoire dédié au Sacré-Cœur, consacré en 2019 où la messe peut être célébrée.
LA PAROISSE SAINTE MARTHE DE TARASCON.
C'est au IVe siècle seulement que les paroisses sont organisées de façon régulière. La loi impériale décrétée par Constantin, un habitué d'Arles et de sa région, va progressivement être appliquée partout dans l'Empire. Sous l'empereur Théodose en 380, le christianisme n'est plus seulement toléré mais promu religion d’État. Le culte païen va être prohibé, mais il faudra de longues années pour arracher les habitants à des rites et des coutumes auxquels ils étaient attachés depuis des millénaires. Le vieux fond païen sera toujours prêt à ressurgir en certaines occasions. L'évangélisation sera laborieuse et souvent remise en question. Ce que nous vivons aujourd'hui n'est pas si éloigné de ce qu'ont vécu les premiers évangélisateurs et leurs successeurs ; car il est parfois bien difficile d'être un bon chrétien !
La foi catholique progresse en revanche rapidement à partir du Ve siècle. Les historiens parlent même d’âge d’or de l’Église en Provence au moment des grandes invasions qui ravagent le reste de la Gaule romanisée. Jusqu’au VIIe siècle, les évêques, très nombreux en Provence puisqu’on compte une bonne vingtaine d'évêchés, organisent leur diocèse, administrent régulièrement leur cité épiscopale. Les premiers chrétiens vivent en ville. Le « paganus », c’est-à-dire le territoire dévolu à l’agriculture et à l’élevage, peuplé de paysans, d’où vient le mot « païen », est évangélisé peu à peu, les premières paroisses rurales se multiplient et donnent naissance à nos villages et paroisses actuelles. C’est dans ce contexte favorable que sont créées les premières paroisses de Tarascon, de Laurade et d’Ernaginum.
La Collégiale Royale Sainte Marthe.
Le terroir de Tarascon va bénéficier d'une grâce particulière liée à la figure spirituelle de Marthe de Béthanie, dont la présence et le culte sont l'objet de discussions passionnées entre tenant de la tradition provençale et historiens universitaires.
Il est certes impossible de prouver scientifiquement la venue de l'amie de Jésus dans les lieux où elle est honorée, comme nous l'avons déjà souligné. La destruction des archives anciennes lors des grandes invasions de la fin du VIe siècle au Xe siècle, est une grande frustration pour l'historien. Les nombreuses légendes autour de la première évangélisation compliquent encore la tâche, car un fond de vérité se trouve mêlé à beaucoup de données fantaisistes. Comment démêler le vrai du faux ?
Seule l'archéologie peut nous aider à y voir un peu plus clair, mais encore faut-il interpréter les découvertes réalisées au cours des fouilles.
En mars 1979, contre toute attente, des fouilles réalisées dans l'église basse livrèrent quelques-uns de leurs secrets.
L'église basse ou crypte de Sainte Marthe.
C'est sur ce premier sanctuaire primitif que s'élèvera ensuite la première église de Tarascon au IVe siècle. La communauté est suffisamment organisée et assez riche pour commander un sarcophage à Rome en marbre précieux, livré au port d'Arles vers 320. Deux autres sarcophages du même sculpteur sont conservés à Rome et au Musée Bleu d'Arles.
L'autel paléochrétien, qui se trouve sur le palier qui conduit à la crypte, date-il de cette époque ? Les avis sont partagés car d’aucun pensent qu’il ne serait pas originaire de Tarascon, d’autres qu’il aurait été apporté de Saint Gabriel.
Les ossements conservés dans le tombeau, expertisés par des spécialistes en 2001 sous le contrôle du diocèse, sont ceux d'une femme d'environ 60 ans, de petite taille, de l'Antiquité, morte de mort naturelle et donc il ne s'agirait pas d'une martyre. Le nom de sainte Marthe, inscrit sur le coffret en bois, n'est pas ancien et n'est pas fiable. La tombe a été retrouvée en 1187, puis à plusieurs reprises ouverte pour en extraire des reliques.
En 1478, le roi Louis XI ordonne son ouverture pour en retirer la tête de la sainte, qu'il fera placer dans un chef-d’œuvre d'orfèvrerie de 35 kg d'or, d'émaux et de pierres précieuses. En 1805, après la Révolution, le curé Reynaud procède à la reconnaissance des reliques qui n'ont pas été profanées miraculeusement. Il en offre un certain nombre aux Ursulines de la ville. Celles-ci s'agrégeront aux Visitandines en 1853 et ces dernières les conservent toujours dans l'une des tribunes de leur église. En 1840, à l'issue d'une terrible inondation du Rhône, le curé Bondon fait réparer le sarcophage endommagé et procède au nettoyage des reliques. Il en profite pour faire faire un moulage en bronze du bas-relief, visible dans notre clocher.
Notons que seul Tarascon revendique un sanctuaire dédié à sainte Marthe avec un tombeau antique conservant ses reliques. Il n'y a aucune autre église au monde jusqu'au XVe siècle qui soit dédiée à cette sainte. C'est assez troublant...
La première « basilique » est une petite église en rapport avec la taille d'une communauté villageoise modeste de quelques centaines d'âmes, comme on en retrouve dans le Var à Saint Hermentaire (VIe siècle) ou à La Gayole par exemple. La cathédrale d'Aix conserva ce genre d'édicule, dédié au Saint Sauveur, jusqu'en 1808.
Lors des invasions, après 550, le sarcophage aurait été enterré et les reliques protégées de la profanation ; notons que les restes des autres saints de Béthanie ont été mis à l'abri en Bourgogne ; saint Lazare à Autun et sainte Marie-Madeleine à Vézelay.
Une charte de Boson et de son épouse Folcoara, datée de 969, signale l'église Sainte Marthe. C'est la plus ancienne mention conservée à ce jour. En effet, un document plus ancien, le parchemin du miracle attribué à notre sainte, la guérison de Clovis, roi des Francs, en 507, a été brûlé par les révolutionnaires en 1793. Louis XI y fait référence dans le document par lequel il accorde des privilèges à la collégiale.
Les historiens penchent pour un faux médiéval. Grégoire de Tours, l'historien de Clovis n'en dit pas un mot. Ils mettent donc en doute ce miracle, dont une plaque du XIXe siècle rappelle le souvenir en descendant vers la crypte. Ce qui est sûr, c'est que ce miracle aurait eu lieu à distance car Clovis n'est jamais venu en Provence. En revanche, son armée, levant le siège d'Avignon, en se rendant vers Arles, a certainement bivouaqué à Tarascon. C'est à cette occasion qu'un officier ou un prêtre aumônier aurait prié pour la guérison d'un terrible mal de reins du roi, devant la tombe de la sainte, encore visible à cette date.
L'église mentionnée en 962 devait être l'antique sanctuaire restauré après les invasions et les déprédations des chrétiens libérateurs. Ces derniers commirent des dégâts importants, nous privant ainsi de repères archéologiques fondamentaux.
En 1096, l'évêque d'Avignon offre à ses chanoines de nombreuses donations dont « l'ecclesiam scilicet S. Marthae apud Tarasconens ». C'est l'église basse que l'on voit en descendant vers la crypte.
En 1133, 6 chanoines de Saint Augustin, détachés du Prieuré de Frigolet, lui-même rattaché au Chapitre de la cathédrale d’Avignon, assurent les 7 offices quotidiens dans le sanctuaire à côté du clergé séculier qui a en charge la vie pastorale. La cohabitation ne fut pas toujours pacifique...
Le moine, le chevalier et le paysan.
La vie chrétienne est alors aux mains des moines dont les supérieurs, les abbés et les prieurs, sont issus de la chevalerie et sont devenus les acteurs incontournables de la vie politique, économique et sociale autant que spirituelle. Avec les évêques et les chanoines, issus du même milieu, ils forment un haut clergé puissant et influent mais inféodé aux puissances laïques avec lesquelles ils partagent le pouvoir jusqu’à la fin XIIe siècle voire un peu après.
Les prêtres diocésains sont plus proches de la population dont ils sont issus. Ils partagent les conditions de vie des paysans ou des artisans de l’époque. Leur formation laisse à désirer et leur vie morale souvent trop séculière. Le baptême est essentiel, donné à la naissance, car il permettra à l'enfant d'accéder au paradis. Refuser le baptême serait un acte insensé car ce serait se priver du salut. Le mariage est célébré avec des rites propres à chaque région et parfois sans prêtre. C'est le serment entre les fiancés qui fait office de sacrement. Les obsèques donnent lieu à des rites complexes, mais là encore ce n'est pas forcément le prêtre qui officie. La liturgie tient lieu de catéchèse et l'art supplée à l'ignorance des fidèles. Le culte, les rites, les processions liées au rythme de la vie rurale priment sur la formation chrétienne. Le latin est à peine compris par les clercs et on imagine que la masse des fidèles n’a pas accès à la compréhension de la liturgie. Elle est essentiellement spectatrice et elle attend de l’Église de belles célébrations et la stricte application des rites pour la protection des hommes et surtout des bêtes et des récoltes, vitale dans une société essentiellement agraire. Nous sommes encore dans une économie de survie et les seules distractions sont celles qu’offre l’Église. Celle-ci joue pleinement enfin son rôle social auprès des plus pauvres : accueil des pauvres et des malades, soutien aux veuves et aux orphelins, affranchissement des serfs et des esclaves.
La construction de très nombreuses églises et chapelles entre le XIe et le début du XIIIe siècle répond aux besoins croissants de la population. L’église devient le centre de la vie de la communauté, c’est un lieu certes sacré, mais aussi dévolu à des activités profanes. Le cimetière l’environne toujours pour marquer le lien indéfectible entre les vivants et les morts. On matérialise ainsi la communion des saints et les messes sont désormais célébrées pour les défunts. C’est une nouveauté apparue au XIe siècle chez les bénédictins de l'abbaye de Cluny.
La vie matérielle de l’Église s’organise autour de donations de personnes riches et puissantes qui en échange obtiennent des droits parfois exorbitants. Le jus patronat permet à un seigneur d’être le protecteur d’une église paroissiale ou d’une chapelle rurale, à charge pour lui de l’entretenir et de salarier un desservant, dont la nomination échappe à l’évêque. Cette union du château et de l’église se retrouve dans la configuration même de nos villages, au Grès ou à Boulbon, par exemple.
C’est l’époque qu’on désigne sous le nom générique de « romane » en référence à la période romaine dont les monuments étaient encore assez bien conservés pour qu’on cherche à les imiter.
Tarascon va connaître plusieurs campagnes de construction de ses églises et chapelles en style roman, une bonne douzaine, entre le XIe et le XIIe siècle. L’église Sainte Marthe va bénéficier de cette activité artistique intense.
Les églises romanes
L'époque romane va modifier l'architecture de la crypte et de la première église et la doter d'un puissant clocher, qui fait office de tour de guet, mais aussi d'une nouvelle église supérieure, qui finira par englober le sanctuaire primitif. Tout autour s'étend un vaste enclos sacré, le cimetière de la cité, où se dressent des chapelles funéraires comme celle de Sainte Anne et Saint Martin appartenant à la famille de Raymond de la Visclède, toujours visible dans la maison paroissiale de Béthanie. Il disparaîtra au XIVe siècle.
Le roi Alphonse d'Aragon est comte de Provence. Il choisit Tarascon pour capitale, à l'instar d'Aix et y fait édifier au bord du Rhône le premier château monumental, dont on discerne quelques éléments d'architecture encore aujourd'hui.
Mais il promeut également la construction d'une vaste église de 34 mètres de long, en un temps record de 10 ans seulement. Elle est consacrée à Notre-Dame de l'Assomption. C'est un édifice de style roman rhodanien, puissant et lourd, dont les fondations s'enfoncent dans la zone marécageuse en bordure du fleuve, à côté de l'église antique bâtie sur le rocher. On commence à construire un clocher solide, dont on voit encore les puissants contreforts, et on rebâtit la crypte sur les vestiges antiques. La partie de l'église basse qui est sous le clocher est dédiée à Notre-Dame du Peuple, vocable très ancien attestant son antiquité.
On a donc en réalité 3 édifices distincts, tous de style roman : la crypte de Sainte Marthe, l'église basse de Notre-Dame du Peuple et la grande église supérieure dédiée à l'Assomption de Notre-Dame. Celle-ci est dotée d'un admirable porche qui suscite encore notre émerveillement. Les sculptures, très proches de celles de Saint Trophime d'Arles et de Saint Gilles, sont d'une verve toute populaire alliées à un raffinement tout oriental, rapporté des croisades.
Le chantier est considérable et coûteux. Les fonds proviennent de dons de la famille comtale, des grandes familles de la région, d'ecclésiastiques fortunés comme les évêques ou les chanoines, les dévots de sainte Marthe, les pèlerins, mais aussi des contributions obligatoires levées sur les marchandises, les octrois, les récoltes, les péages, etc... Notre collégiale a été payée avec les impôts de l'époque !
Elle a donné du travail à une foule d'artisans et à tous les emplois induits. Ce fut aussi un formidable laboratoire d'expériences, d'innovations, de transmission de savoir. Un ensemble exceptionnel de chapelles sont construites à la même époque, tels Saint Gabriel et Notre-Dame à Lansac, Saint Marcellin, Saint Christol, Saint Andéol, Notre-Dame de la Valette et Saint Julien à Boulbon, les églises du Grès, etc... N'oublions pas non plus les châteaux, les remparts, les ponts, les tours de guet et les simples habitations, qui font des cités du moyen-âge des chantiers à ciel ouvert en perpétuelle évolution.
Les carrières de la région marchaient à plein régime et cet afflux d'artisans et d'ouvriers avaient des retombées économiques extraordinaires. Une population bruyante, pieuse mais aussi querelleuse et parfois avide, se dispute l'espace, le temps et l'argent !
La construction démarre en 1187 et l'église peut être consacrée, comme l'atteste la magnifique inscription près du porche, le 1er juin 1197. L'archevêque d'Arles Imbert d'Eyguières et l'évêque d'Avignon, Rostaing de Marguerittes, consacrent le nouveau lieu de culte ainsi que l'autel et relèvent les reliques de sainte Marthe dont le tombeau est remis à l'honneur.
C'est le départ d'un renouveau en consonance avec le développement de la cité et l'afflux des pèlerinages. Tarascon devient la 4ème ville de Provence en nombre d'habitants, environ 10 000. Située sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, passage obligé vers Beaucaire, son port est actif, et la cité bénéficie du dynamisme d'Avignon et Arles. Les ordres religieux s’intéressent aussi à Tarascon ; les Bénédictins de Saint Victor, puis les Templiers au XIIe siècle, les Trinitaires, les Franciscains et les Dominicains au XIIIe siècle.
La collégiale était-elle terminée en 1197 ? On ne le sait pas. On constate cependant que l'édifice présente une structure complexe et étalée dans le temps. Son aspect au premier abord évoque une église gothique et non romane et elle a d'ailleurs 10 mètres de longueur en plus. Que s'est-il donc passé ?
L'époque gothique
Les murs porteurs des nefs semblent bien romans comme la partie ouest l'atteste également. Les édifices romans avec leurs voûtes très lourdes peuvent se fragiliser dès lors qu'ils sont construits sur des terrains marécageux ou argileux. Il est possible aussi que l'église romane n'étant pas encore totalement achevée à l'orée du XIIIe siècle, on ait changé de style.
On peut donc imaginer que l'église supérieure fut complètement reprise en commençant par le chœur, puis les nefs, en progressant vers l'ouest. On conserva les deux autres églises (église basse et crypte) plus solidement ancrées sur le rocher des origines.
On reconstruisit également le clocher au-dessus de l'église basse. Il est de style gothique avec ses ogives massives. Son extérieur en revanche conserve son caractère militaire.
L'église supérieure comportera 3 nefs sur une longueur de près de 50 mètres et une largeur de 26 mètres. On conserve une partie de la structure romane, tel le majestueux porche sud, les murs porteurs, appelés gouttereaux, et la partie ouest, vers le Rhône où une porte est ouverte vers 1470, par Hélion l'Auvergnat, qui a travaillé à la façade de la cathédrale d'Aix.
Les piliers élancés, les chapiteaux aux motifs floraux, les croisées d'ogives articulant de façon souple les voûtes, les clefs de voûtes et les retombées des colonnettes, tout est marqué de ce style venu de l’Île-de-France, qui crée une véritable rupture avec la tradition romane héritée de la culture romaine si présente dans nos contrées méridionales. L'édifice se présente à nous dans toute sa rigueur septentrionale mais avec des adaptations méridionales, typique de l'art avignonnais, comme l’absence de fenêtres au nord en raison du Mistral, les voûtes trapues et les ogives surbaissées. L’église présente aussi une grande majesté et des baies au sud qui laissent la lumière l'inonder pour la faire vibrer. On s'y sent bien, sans doute aussi, à cause de ses proportions qui restent modestes, sans exclure une certaine grandeur qui sied à une collégiale royale.
Dans la première moitié du XIVe siècle, les travaux avancent régulièrement. La papauté s'est fixée en Avignon dès 1308 et la région bénéficie de l'apport de ressources en hommes de l'art, de mécènes ecclésiastiques fortunés, de revenus substantiels qui permettent d'entreprendre des travaux d'envergure. Le chœur est entièrement refait et de grandes verrières l’éclairent. Il conserve cependant un arc triomphal percé d’un grand oculus, qui rappelle la structure romane, héritée des basiliques romaines.
En revanche, à partir de 1348, les calamités s'abattent sur la France et la Provence, ralentissant la fin des travaux. La Grande Peste de 1348, la Guerre de Cent Ans, la guerre en Provence entre les chefs de la Maison d'Anjou, puis la famine, tout concourt à l'arrêt des entreprises.
Mais ce climat morose épargne Tarascon et les papes, ses voisins, n'oublient pas Sainte Marthe; Grégoire XI offre en 1370 par exemple le maître-autel en pierre dont les scènes de la vie de sainte Marthe sont recouvertes de plaques d'argent, vendu par le Chapitre en 1712 pour financer l'achat des grilles du chœur.
En 1379, l'affaissement des deux piliers les plus proches du clocher oblige à effectuer de gros travaux, encouragés par le pape qui offre une belle somme suffisante pour les réaliser.
En 1404, le chancelier de l'Université de Paris, le plus célèbre théologien de son temps, Jean Gerson, vient en pèlerinage à Sainte Marthe. C'est dire le prestige de notre collégiale qui attire les plus grands comme les plus humbles.
Il faut attendre la fin du siècle et surtout le XVe siècle, avec le roi Louis II, comte de Provence, pour voir l'achèvement de la collégiale toujours en travaux. On lui doit une chapelle admirable dédiée à Saint Lazare dans la crypte, datée de 1383 où une de ses filles repose. En 1418 le Prieur de Sainte Marthe, le cardinal Jean de Brogny, évêque d'Ostie, débourse l'équivalent de 28 000 francs pour achever les travaux et établir des arcs-boutants, assurant ainsi la pérennité de l'édifice.
La réfection du clocher est commencée en 1449 et la cloche qui sonne toujours les heures, la « Jeanne-René » peut y être hissée en 1469. Le 2 septembre 1470, la flèche du clocher est enfin achevée. On la doit au Maître Hélion l'Auvergnat. Elle a été financée par les revenus de la gabelle sur le sel et les taxes prélevées sur les moulins.
L’ensemble de la collégiale est achevé vers la même époque. On y a bâti, entre les piliers des murs porteurs, des chapelles pour les grandes familles de la cité, tels les Albe de Roquemartine, les Lubières, les Aiminy, les Doria, les Raymond, les Poytevin, les Sade, les Pontevès, ou les Léautaud qui y élisent leur sépulture. On en compte 12. Leur titulature a varié au cours des siècles, en fonction des dévotions à la mode. Des arcs-boutants soutiennent l'ensemble.
L'église achevée, on se préoccupe de mettre en valeur le culte de Sainte Marthe. La municipalité est très attachée à la protectrice de la cité. Elle décide de faire extraire la tête de la sainte et de l'exposer dans un reliquaire commandé en 1454 à un orfèvre arlésien, Étienne Dandelot. Il lui coûta trois années de travail pour une dépense à laquelle contribuèrent le roi René, le Dauphin, futur Louis XI et la ville. Le 10 août 1458, le reliquaire fut installé dans la collégiale au cours d'une grandiose cérémonie à laquelle assistèrent le roi René, la reine Jeanne de Laval, son épouse, quantité de princes et princesses, toute la noblesse et le clergé de la région. Une immense procession parcourut toutes les rues. Ce fut un moment inoubliable pour la population.
Les consuls de la ville, Henri de Rusp et Philippon de Lubières, offrirent encore en 1466 une grille des plus solides pour protéger la crypte. C'est celle que l'on voit encore.
Le Chapitre commandita en 1484 un orgue à Raymond Vitis qui fut placé sur une console au-dessus de la chapelle Saint André, actuellement Sainte Marie-Madeleine. On aperçoit encore aujourd'hui la porte d'accès à la tribune et dans le jardin du presbytère, l'escalier à vis qui y conduisait.
Nous avons de la peine à imaginer combien notre collégiale était une ruche bourdonnante d'activités à cette époque où la Renaissance commençait à pénétrer la Provence. Louis II, puis le roi René ont reconstruit, non seulement le splendide château qui fait face à la collégiale, mais ils ont été aussi des mécènes prestigieux pour cette dernière et pour d'autres lieux de culte dans la cité.
Un édifice vraiment royal; les cadeaux du pieux roi Louis XI et du bon roi René.
Le roi Louis XI, fils de Charles VII et de Marie d'Anjou, sœur du roi René, portait une affection particulière à sainte Marthe, qui l'avait sauvé d'un empoisonnement. Il était venu en 1447, alors qu'il n'était que le Dauphin de France. C'est en roi qu'il combla notre église de divers cadeaux.
Le 8 août 1458, le chef de sainte Marthe avait été placé dans un reliquaire d'argent par l'archevêque d'Arles, Mgr Nicolas Cibo. Cette translation donna l'idée à Louis XI de prouver sa grande dévotion à « Madame Saincte Marthe ».
En 1462, il offrit donc un nouveau buste-reliquaire de 35 kg d'or, ciselé par André Mangot de Tours, complété d’un socle en 1478, chargé de pierres et d'émaux précieux, couronné par la réplique de sa propre couronne royale et portant le collier de l'Ordre de Saint Michel, qu'il venait d'instituer. Il n'oublia pas non plus de se faire représenter en donateur agenouillé dévotement devant le chef de la sainte. Une nouvelle célébration grandiose eut lieu le 8 décembre 1470, présidée par l'évêque de Sisteron, en présence du roi René et de toute la cour. On le plaça derrière le maître-autel pontifical et il était gardé par trois portes, l'une sur l'autre. Cette merveille d'orfèvrerie, orgueil de la cité, fut représentée à l'envi par des tableaux, des gravures et des répliques plus modestes vendues jusqu'en Amérique Latine et aux Philippines !
Le roi offrit également un bras-reliquaire de vermeil, dont une copie de 1868, sert toujours pour certaines bénédictions.
Mais notre sire fit plus encore pour accroître le prestige de sa sainte. Il créa en 1482 un chapitre de 15 chanoines et 15 bénéficiers, plus une maîtrise pour le chant liturgique et le service de l'autel. Le pape Sixte IV l’approuva le 23 mai 1483. Adoptant les constitutions du prestigieux Chapitre de la Sainte Chapelle de Paris, le Chapitre Royal de Sainte Marthe relèvera directement du Saint-Siège.
Ce chapitre royal prenait le relais du précédent mais il était beaucoup plus étoffé et ses revenus très substantiels. Il était dirigé par un doyen, personnage de haut lignage, imbu de ses privilèges et véritable puissance économique qui percevait annuellement 30 000 livres de revenus. Il était réputé également Prieur de Saint-Michel-de-Frigolet et de Saint Thomas de Laurade dont il percevait aussi les revenus. Il possédait au titre de sa charge, un château appelé Le Grand Frigolet, une superbe bâtisse du XV e siècle entourée d'un immense domaine de plusieurs dizaines d'hectares. On peut voir les vestiges de ce domaine, qui fut en son temps le plus beau du terroir, sur la route d'Avignon, derrière la conserverie et quelques murs de la clôture le long de la voie ferrée.
L'office divin était chanté au chœur 7 fois par jour, dans des stalles confortables. Les chanoines, issus de la noblesse et de la haute bourgeoisie, étaient des personnes cultivées, attentives à leurs devoirs, chargées de veiller à la bonne moralité, à l'instruction des enfants de la maîtrise musicale et des jeunes clercs, et certains s'occupaient des plus démunis.
Le doyen assurait la charge de curé de la collégiale, mais déléguait souvent celle-ci à de nombreux vicaires, qui portaient parfois le nom de « curé » sans l’être vraiment, assumaient la célébration des sacrements, la prédication, le catéchisme et la visite des familles et des malades.
Il faut y ajouter les prêtres chapelains. Ceux-ci, payés par les familles nobles ou bourgeoises, assuraient la messe quotidienne dans les chapelles de la collégiale. Quelques prêtres habitués enfin rendaient des services pour remplacer certains confrères, moyennant finances. Des querelles de préséance envenimaient parfois l'ambiance puisque tous ces prêtres exerçaient leurs fonctions dans un même lieu et parfois au même moment.
On pouvait compter jusqu'à 50 prêtres en exercice dans la collégiale et presque autant de messes célébrées individuellement chaque jour !
Ajoutons à cela, la fréquentation des fidèles, et les pèlerins qui se rendaient au tombeau de sainte Marthe. Les ex-votos, en action de grâces pour des guérisons, étaient si nombreux qu'on ne voyait plus les murs.
On ne comptait plus les cannes, béquilles et autres sujets en cire, et le livre des « Miracles de Madame Saincte Marthe » impressionnait par les récits qu'il contenait. Le trésor était conservé dans les diverses sacristies dont deux, dues aux largesses du fils du roi René, Jean de Calabre en 1449, sont encore visibles. Le trésor était d'une richesse inouïe. Presque tout disparut en 1793, lors du pillage de la collégiale par les révolutionnaires arlésiens.
On ne compte pas non plus les souverains et les princes, les papes et les prélats, et les saints qui visitèrent notre église pour y vénérer la grande amie de Jésus. Saint Louis, roi de France y vient prier souvent avec sa femme Marguerite, fille du comte de Provence, son cousin, saint Louis d’Anjou, franciscain et évêque de Toulouse vient y prêcher le 29 juillet 1297, sainte Brigitte de Suède vénère les reliques lors de son pèlerinage vers Compostelle en 1341. Il est probable que sainte Catherine de Sienne soit venue lors de son séjour en Avignon en 1376.
Une confrérie spéciale veille sur la construction et l’entretien du bâtiment ; la confrérie de Sainte Marthe, appelé plus souvent Œuvre de Sainte Marthe, apparaît vers 1430. Mais l’église abrite aussi une multitude d’autres confréries liées à un métier ou à une dévotion particulière. Elles ont un but à la fois spirituel et charitable comme celle qui anime le pèlerinage de Notre-Dame du Château qui remonte au XIIIe siècle.
Le roi René codifie enfin à cette époque les fameuses fêtes de la Tarasque et ses jeux, qui remontent au moins au siècle précédent. La plus ancienne représentation de la Tarasque se trouve dans le livre énigmatique d’Opicino de Canistris, un prêtre de Pavie vivant à Avignon, daté de 1337, conservé au Vatican.
A la mort du roi René en 1480, son neveu Charles du Maine hérite de la Provence et meurt l'année suivante. Selon les volontés du roi René, c'est son autre neveu, Louis XI qui récupère alors l'héritage de la famille d'Anjou, qui régnait sur la province depuis saint Louis. La Provence devient française et Tarascon n'est plus qu'une ville parmi tant d'autres de ce grand royaume de France qui ne cesse de s'étendre.
L’empreinte de la Renaissance
Avec le roi René et un artiste qu’il affectionnait, Francesco Laurana (1430-1502), nous entrons de plain-pied dans la Renaissance. Laurana est un sculpteur dalmate qui a travaillé pour le roi René aux alentours de 1460, à Marseille, Avignon et Tarascon. On lui doit le plus ancien monument de style Renaissance de France daté de 1478 : le tombeau de Giovanni Cossa, le sénéchal de Provence et ami intime du roi, mort en 1476.
On peut l’admirer en descendant vers la crypte, tout près d’un autre chef-d’œuvre, le cénotaphe de Sainte Marthe (vers 1470), où quelques reliques étaient vénérées par les pèlerins à travers des fentes appelées fenestrelles.
Plusieurs épaves des retables détruits en 1793, datent de cette époque, dont un panneau de la vie de Sainte Marthe (résurrection d’un enfant noyé dans le Rhône), une merveilleuse prédelle de la Nativité et 3 retables. Celui de Sainte Madeleine et celui de Saint Michel, représentent les chanoines donateurs et celui d’Hans Clémer de 1513, provient des Cordeliers.
La statue de Notre-Dame du Château date également de la fin de cette période.
Le culte de sainte Marthe attire toujours autant les pèlerins, certains de marque.
En février 1516, le roi François 1er, accompagné de son épouse la reine Claude, de sa mère, la reine Louise de Savoie et de sa sœur Marguerite d’Angoulême, sont reçus à la collégiale pour vénérer le tombeau de sainte Marthe. Le roi rend grâce pour la victoire de Marignan (1515). Il offre même des écus d’or versés au trésor.
En 1563, l'archevêque d'Arles, le cardinal Hippolyte d'Este, effectue une reconnaissance des reliques.
L'année suivante, Catherine de Médicis, veuve d'Henri II et son fils, Charles IX, sont accueillis en grande pompe par les chanoines de Sainte Marthe lors de leur séjour en Provence.
Ils ont entendu résonner les orgues, construites en 1537 par Gillet Du Bois, originaire de Buis-les-Baronnies, qui remplaçait l’instrument de 1484.
Le concile de Trente (1545-1563), commence à être appliqué dans le diocèse d’Avignon, qui est au pape. Tarascon est en France mais sur le plan ecclésiastique relève d’Avignon. Si la France n’acceptera les décrets du concile qu’en 1614, Tarascon les accueillera bien avant. Il était grand temps car la situation n’est pas toujours brillante, les mœurs parfois douteuses, l’ignorance religieuse crasse, la piété entachée de superstition, l’argent roi…Dans la partie arlésienne du terroir la situation est cependant bien pire !
Ainsi se termine le XVIe siècle, qui à Tarascon n’a pas donné lieu aux effroyables Guerres de Religion. La cité est restée fidèle à Sainte Marthe et au catholicisme. Elle approuve enfin la paix rétablie par le bon roi Henri IV, converti au catholicisme. Une nouvelle ère peut commencer.
L’âge baroque : Madame Sainte Marthe en majesté.
A partir de 1600, l’art baroque s’invite en France à la faveur du mariage de Marie de Médicis, qui amène avec elle des artistes de son pays d’origine. La Provence adopte assez rapidement ce style nouveau. L’art gothique est cependant encore prisé et on s'étonne toujours de voir en plein XVIIe siècle, meneaux et croisées d'ogives dans les habitations et les églises.
Les chanoines vont donc transformer la collégiale en grand théâtre baroque, propice aux célébrations fastueuses qu’ils affectionnaient. Un air d’Italie avec la Renaissance avait fait une entrée discrète, ici l’art de la Rome pontificale prend possession des lieux. On décore le chœur en masquant les verrières; Les murs se couvrent de peintures en trompe-l’œil, les retables aux colonnes torsadées et aux pilastres cannelés abritent tout un petit monde d’anges joufflus, de saintes pâmées et de martyrs enrubannés. L’or et les couleurs scintillent et font briller de mille feux les marbres précieux.
Pierre Marchand, génial organier d’Île-de-France, construit pour 100 livres tournois, un nouvel orgue en 1604, dont les tuyaux résonnent toujours, plus de 400 ans plus tard !
Le 22 novembre 1622, le saint évêque de Genève, François de Sales, fondateur de l’Ordre de la Visitation, vint prier sur le tombeau de notre sainte, un mois avant son trépas.
En 1632, le roi Louis XIII, Anne d’Autriche, son épouse et le cardinal de Richelieuavaient été accueillis en pèlerins.
En 1638, en action de grâce pour la naissance du petit Louis XIV, la municipalité offrit donc deux chapelles votives, de part et d’autre du chœur pour célébrer l’événement. L’une fut dédiée à Notre-Dame du Château et l’autre à Sainte Marthe. Elles sont achevées en 1640.
On fit appel à Nicolas Mignard (1606-1668), grand peintre originaire de Troyes mais travaillant à Avignon, pour illustrer en peinture ces deux sujets. Nous possédons là deux chefs-d’œuvre.
En 1637, ce sont les ursulines de la Mère Jeanne de Rampalle, en provenance d’Arles, qui sont accueillies en grande cérémonie par tout le clergé et la population au son des cloches et des fanfares. Même cérémonial pour les doctrinaires qui prennent en charge le Collège en 1640, puis pour les visitandines en 1641.
Ce fut la dernière des fondations de l'Ordre de la Visitation faite par sainte Jeanne de Chantal.
Son parent, neveu de Mme de Sévigné, Monseigneur Michel-Celse de Rabutin-Chantals sera doyen du Chapitre de 1709 à 1723.
De juin à septembre 1642, le cardinal de Richelieu et son secrétaire Jules Mazarin sont hébergés à l’emplacement du presbytère actuel, dans ce qui était l’hôtel de Provençal de Fontchâteau. Si les capucins vont bénéficier de grandes largesses de la part de nos fastueux prélats, la collégiale n’est pas en reste. Plusieurs calices et ciboires, des croix, des reliquaires et des ornements viennent enrichir une fois de plus notre trésor.
Les grandes familles ornent richement leurs chapelles ; les Clerc de Molières, Léautaud de Mas-Blanc, Raousset-Boulbon, Forbin, Raymond de Modène, Raymond de la Visclède, Chabert, Sabran-Pontevès, Gras de Preigne, Barrème, etc…
La chapelle Sainte Cécile, construite en 1663 pour les Soumabre, est un de ces joyaux baroques avec son dôme, ses guirlandes fleuries, ses grandes coquilles, ses angelots rieurs et son pavement bleu et blanc en majolique. Le peintre avignonnais Pierre Parrocel (1670-1739) nous offre une belle composition avec Sainte Cécile jouant de l’orgue, en compagnie de sainte Cunégonde. Elle se trouvait autrefois dans cette chapelle, aujourd'hui sous la tribune de l'orgue.
La chapelle du Rosaire était recouverte de somptueuses boiseries baroques, anéanties lors du bombardement de 1944.
L’apogée au temps du Roi-Soleil.
L’escalier qui conduit à la crypte date de 1664, quatre ans auparavant Louis XIV, le Roi-Soleil, vint y prier. Nous touchions alors à l'apogée de l'histoire de la collégiale.
Mais remontons un peu le temps. Nous sommes en 1649. Dès son arrivée dans le diocèse d'Avignon en 1649, où il fut nommé archevêque, Monseigneur Domenico de Marinis (1593-1669), ancien général de l’ordre des Dominicains, originaire de Gênes, fut frappé par l’état de vétusté dans lequel avait été laissé la crypte.
Tombé amoureux de sainte Marthe, il remit spirituellement sa personne et sa charge entre les mains de l'amie de Jésus et décida l’entière réfection des lieux. Il obtint par l'intercession de la sainte la paix entre les habitants après l'épreuve terrible de la Fronde, dont les boulets meurtrirent le château et dont les traces sont encore bien lisibles sur l'édifice.
En action de grâces, notre prélat offrit la réfection de la crypte et fit orner les parois de plaques de marbre précieux, du Carrare blanc et du portor noir veiné d'or. Des peintures en trompe-l’œil imitant le marbre couvrirent les murs restants.
Il commandita enfin deux chefs-d’œuvre au plus grand sculpteur génois de son temps, Tommaso Orsolino (1587-1675), dans le style du grand Bernin de Rome. Notre archevêque, très fier de ses origines génoises, fit également apposer ses armes un peu partout; on est dévot, on en est pas moins homme...
Le 17 avril 1653, un immense cortège de chanoines, religieux, magistrats, consuls, confrères et pénitents de toute sorte, et une foule de curieux, se rendait au port de la ville pour accueillir ces nouveaux chefs-d’œuvre.
Il y avait d'abord l'impressionnant gisant de sainte Marthe et puis une délicieuse Vierge à l’Enfant.
En voulant cacher le sarcophage en le recouvrant de marbre, le sculpteur n’ayant pas les bonnes mesures, on fut obligé de couper les têtes des personnages du bas-relief de la tombe antique.
Un autel aux marbres précieux multicolores et une table de communion complétaient l’ensemble vraiment royal.
Une cartouche portait la devise de Marthe: « Solicita non turbatur », qu’on peut traduire par « sollicitée mais jamais troublée ». Le tout fut achevé en 1661, comme il est indiqué sur les linteaux des chapelles latérales de la crypte. Ce joyau baroque unique en son genre fut impitoyablement détruit par les Monuments Historiques en 1979! Quelques restes gisent dans le clocher...
Le 12 janvier 1660, le grand roi Louis XIV, sa mère Anne d’Autriche, le cardinal Mazarin, saint Vincent de Paul et une multitude de courtisans bravant un hiver glacial, traversent au péril de leur vie le Rhône où flottent des blocs de glace, et arrivent en piteux état, transits de froid à Tarascon. La ville devient capitale de la France pour quelques jours! Logés en face de la collégiale à l’hôtel de Barrème, le roi et sa cour assistent aux offices à Sainte Marthe et vénèrent les reliques. Une plaque rappelle l’événement.
De somptueuses tapisseries baroques, retraçant la vie de sainte Catherine d’Alexandrie, toutes brodées de soie multicolore, sont alors apposées dans le chœur. Elles seront hélas bradées en 1856. En 1710, le Chapitre demande à Laurent Péru, le grand artiste avignonnais, le modèle de nouvelles stalles. Quelques-unes sont conservées dans le chœur.
En 1712, à grands frais, le Chapitre commande coup sur coup un nouveau buffet d’orgues monumental à l’avignonnais Charles Boisselin, pour 1370 livres, une console de pierre et des grandes arches pour le supporter, un maître-autel de marbre, un dais, un baptistère avec un baldaquin et des statues de sainte Marthe et saint Maximin d’Aix, et de magnifiques grilles pour clôturer le chœur des chanoines sur lesquelles sont apposées les armes de France et celles du pape Grégoire XI.
A la même époque les chanoines font recouvrir les bards du toit du XIVe siècle d'une lourde charpente supportant une toiture de tuiles. L’année suivante, on hisse une grosse cloche, le bourdon baptisé Sainte Marthe. Elle rejoint les autres cloches plus anciennes, la René-Jeanne de 1469 fondue par Maître Mère dit le Boîteux, la Dominicaine de 1585, la Sainte Anne de 1688, fondue par Joseph Alibert.
On doit souligner le rôle d'un chanoine exceptionnel, Joseph Clerc de Molières, dont la demeure est située au chevet de la collégiale. Il était le trésorier du Chapitre et il dépensa toute sa fortune pour les pauvres, les enfants, les jeunes et les vieillards. Il fit entre autre construire le plus grand hôpital de Provence, l'hospice de la Charité, construit en 1691 et lamentablement rasé après les bombardements. Le Mont de Piété, l'aide aux filles repentis, les petites écoles, le Collège, tenu par les Doctrinaires en face de sa maison, et la splendeur de sa collégiale, rien n'échappait à sa générosité légendaire. C'est lui qui fit faire à ses frais le splendide maître-autel dont nous admirons la finesse des marbres multicolores: blanc de Carrare, portor gris de Saint-Maximin, rouge de Caunes-Minervois, brocatelle jaune de Sienne, jaspe rosé de Sicile, brèche violette, portor noir veiné d'or. La plaque de consécration en plomb est conservée dans le trésor.
On imagine la magnificence des offices qui se déroulaient dans cette enceinte sacrée au son des musiques de grands compositeurs dont certains étaient issus de la maîtrise de la collégiale comme Jean Gilles (Tarascon 1668 – Toulouse 1705) et Charles Gauzargues (Tarascon 1723 – Paris 1801) deux ecclésiastiques de renom. Le premier a légué un des plus beaux Requiem jamais écrit, le second fut le musicien attitré de Louis XV.
Toutes les cérémonies officielles se tenaient à Sainte Marthe selon un cérémonial très précis. Il n’y avait guère de jour sans qu’une fête y soit célébrée avec quelque éclat. Combien de « Te Deum » y furent joués en action de grâce pour l’élection d’un pape, une victoire militaire, la naissance d’un prince, la cessation d’une calamité publique, etc…
Tous les archevêques d’Avignon étaient tenus de visiter leur diocèse tous les cinq ans. Tarascon était la ville la plus peuplée du diocèse après Avignon. Les archives départementales du Vaucluse conservent les rapports de ces visites qui nous livrent de précieux indices sur l’état des âmes, du clergé et des bâtiments.
La bibliothèque Ceccano d’Avignon conserve celle effectuée en 1708 par Mgr François-Maurice de Gontery. Elle est pointilleuse et donc particulièrement instructive. On y apprend que notre collégiale n’était pas en très bon état et qu’il y pleuvait par endroit. Même la sacristie, pourtant réputée si riche, manquait de choses essentielles pour la dignité du culte. On trouvait dans l’église 26 autels, 19 chapelles, occupées et entretenues par une multitude de prêtres, de serviteurs, de familles, des confréries de métier (apothicaires, vignerons, portefaix, chirurgiens), des confréries de dévotion (Saint-Sacrement, Bon-Ange, Sainte Anne, Âmes du Purgatoire, Notre-Dame du Château), 39 chapellenies qui permettaient à autant de prêtres de vivre. On y célébrait 89 fêtes d’obligation par an! Autant dire que la Collégiale était presque toujours parée comme une reine, avec fleurs, reliquaires exposés, tapis précieux, tentures et tapisseries, d’innombrables flambeaux, et des flots incessants d’encens capiteux!
Le 29 avril 1708, Mgr de Gontéry tonsure 28 jeunes tarasconnais qui font ainsi leur entrée dans le clergé. La plupart deviendront prêtres quelques années plus tard. Il est clair que Tarascon était le vivier des vocations du diocèse car la ville d’Avignon ne pouvait prétendre présenter autant de candidats.
Il faut ajouter à toutes ces célébrations festives, les baptêmes (environ 300 par an sous Louis XIV), les mariages (environ 50), et les funérailles (environ 300) dont le faste, lorsqu’il s’agissait d’un membre de la noblesse, était impressionnant. La collégiale est un véritable cimetière puisque sous ses dalles reposent des milliers de tarasconnais, sans compter les monuments funéraires et les plaques insérées dans les murs dont plusieurs subsistent encore.
L’église est aussi un lieu d’enseignement: catéchisme chaque semaine, en provençal, conférences, prônes où sont communiquées les informations tant civiles que religieuses.
Enfin, l’avent, le carême et les missions paroissiales sont des moments de ressourcement spirituel très fréquentés. On peut y entendre de longues prédications soit en provençal, soit, le plus souvent désormais en français.
Le choc des Lumières.
Jusqu’à la Révolution on peut parler d’unanimisme ; rarissimes sont ceux qui ne pratiquent pas. Cela ne veut pas dire pour autant que tous étaient fervents et convaincus.
Mais le XVIIIe siècle, surtout dans sa seconde partie, est marqué par une baisse sensible des vocations religieuses et sacerdotales, une baisse de ferveur, un relâchement moral, la diffusion des Lumières qui critiquent les dogmes, les traditions, la foi et singulièrement l’Église catholique.
Notre collégiale coule des jours paisibles mais la Révolution se prépare. On fait peu de travaux, à part la modernisation de quelques autels des chapelles latérales, l’achat de tableaux et la mise en vente d’objets sacrés pour payer les dettes. C’est l’orgue qui bénéficie d’un certain intérêt; Francesco Gibello, de Milan le révise en 1729 pour 800 livres, en 1742, un religieux dominicain tarasconnais, Jean-Esprit Isnard puis son neveu Joseph en 1788, le restaurent encore, ou le complètent.
En 1745, la nouvelle église Saint Jacques remplace le vieux sanctuaire roman bientôt détruit, et une forte concurrence entre les deux paroisses se fait sentir. Saint Jacques apparaît comme une paroisse populaire, où coule un sang neuf, et qui a de l’avenir avec une population jeune et dynamique. Sainte Marthe semble figée au contraire dans ses habitudes, son étiquette, et ses privilèges qu’on commence à supporter difficilement. Le doyen François de Salignac de la Motte-Fénelon, neveu et filleul du grand archevêque de Cambrai, se fait tirer l’oreille pour payer ce qu’il doit pour la construction de Saint Jacques. Une inimitié entre lui et le nouveau curé, Antoine Burle, jette de l’ombre sur l’Église. Les deux paroisses resteront rivales pendant longtemps, rivalité qui peut parfois tourner à la stimulation!
A la veille de la Révolution, la foi demeure, la pratique reste unanime, les processions ont toujours autant de succès, même si maints éléments profanes s’y sont glissés. Les missions paroissiales, prêchées par les capucins ou les jésuites, restent incontournables. Les jésuites instituent en 1730 la Grande Adoration, qui dure trois jours, et qui sera prisée des tarasconnais pendant plus de deux siècles, jusque dans les années d'après-guerre.
On prie beaucoup mais on veut aussi danser, s’amuser et rire. On va à la messe, on porte le froc de pénitent, mais on fréquente aussi parfois les loges franc-maçonnes qui surgissent çà et là à Beaucaire et Tarascon. Les rapports avec la municipalité se tendent et les vexations se multiplient de part et d’autre. On a surtout soif de nouveauté.
L’Église à Tarascon allait affronter une des plus graves tourmentes de son histoire. Elle n’était guère préparée…
La Grande Révolution
Le 29 juillet 1789, alors que Paris est en ébullition, les tarasconnais célèbrent avec faste leur sainte patronne. Rien ne semble présager le pire…
La nuit du 4 août, l’Ancien Régime disparaît définitivement par l’abolition des privilèges. Dans un premier temps l’Église et la Révolution fraternisent. On acclame la régénération de l’État.
Mais qui arrêtera la marche des revendications et comment financer tout ce train de réformes? L’Assemblée Nationale se substitue au roi et légifère sur tout, décide de tout, y compris des affaires ecclésiastiques, sans se soucier du pouvoir spirituel, des évêques et du pape.
L’Église n’est plus au fond qu’un rouage de la Nation et elle doit être à son service, et ses ministres des fonctionnaires payés par l’État.
Les biens de l’Église sont mis à la disposition de la Nation en faillite, le 2 novembre 1789. Toutes les communautés religieuses sont appelées à disparaître. Ce sera chose faite le 1er octobre 1792. Commence la lente agonie du catholicisme français.
Le 12 juillet 1790, est votée la Constitution civile du clergé. Elle va entraîner la fracture entre deux France, entre ceux qui resteront fidèles au pape et ceux qui se sépareront de Rome pour créer une Église nationale dite constitutionnelle.
Pourtant on chante encore des messes et des Te Deum dans la collégiale pour la fête de la Fédération le 14 juillet 1790. Mais le 7 novembre, le Chapitre Royal de Sainte Marthe est dissous. Le dernier doyen, Charles-Henri de Moreton de Chabrillan se réfugie à Beaucaire où il mourra en 1813. Tarascon est rattaché au diocèse d’Aix-en-Provence puisque la ville se trouve depuis le 4 mars 1790 dans le nouveau département des Bouches-du-Rhône. Le lien avec Avignon, encore au pape jusqu’au 14 septembre 1791, est rompu pour toujours.
Toutes les structures de l’Église sont bouleversées. Des prêtres, sommés de prêter le serment pour soutenir la Révolution, acceptent de trahir leurs promesses. Le curé Reynaud prête le serment avec ses vicaires, sauf un, quand nombre de chanoines le refusent. Certains émigrent, d’autres se cachent, et on compte aussi quelques résistants qui célèbrent en cachette chez les particuliers. La Villa Tartarin a abrité ce genre de refuge pour les prêtres restés fidèles à Rome. Beaucoup de chrétiens pratiquent clandestinement. Les confréries sont toutes anéanties. Le culte continue à Sainte Marthe, mais il est constitutionnel. On ordonne même deux prêtres à la Pentecôte 1791 et le nouvel évêque constitutionnel d’Aix, Charles-Benoît Roux, est reçu avec tous les honneurs le 8 juin. Il en profite pour condamner le curé de Saint Jacques, l’abbé Ode, qui a prêté le serment avec des restrictions et qui finalement rejette la Révolution.
Le 18 juin 1792, une grande procession réunit une dernière fois toute la population et le clergé pour accompagner les reliques, dont la Sainte Épine, depuis le couvent des Capucins jusqu’à la collégiale. Les dépouilles des monastères et couvents détruits sont récupérés par les deux paroisses.
Le 22 juin de la même année les registres paroissiaux sont confisqués par la municipalité. C’est la création de l’état civil.
La lente agonie.
A la chute de la monarchie le 10 août 1792, puis les massacres de septembre, le divorce entre la Convention et l’Église est consommé. Le 16 août, les processions sont interdites, le 17, les cloches sont envoyées à la fonte, entre septembre 1793 et septembre 1794, la déchristianisation se déchaine.
Tarascon hésite entre les factions qui déchirent le pays.
Le second mandat du maire Joseph Bureau et le club révolutionnaire de Jarnègues seront les instruments de la déchristianisation à Tarascon. On guillotine deux prêtres restés fidèles au pape, l’abbé Reynaud, vicaire de Sainte Marthe, homonyme du curé jureur, et l’organiste, l’abbé Jean Gros. Conrad Mouren monte au clocher effacer les fleurs de lys qu’il y avait peintes puis coiffe la croix d’un bonnet phrygien. On affublera aussi la statue de Notre-Dame du Château de ce fameux bonnet de la liberté lors de la procession organisée en son honneur, mais sans prêtre.
Le 29 septembre 1793, on célèbre le premier décadi de l’An II. Le calendrier grégorien est aboli et le dimanche interdit. C'est un professeur doctrinaire du Collège de Tarascon, Fabre d'Eglantine, qui mettra au point le calendrier révolutionnaire!
Le 15 mars 1794, les curés de Sainte Marthe et de Saint Jacques démissionnent. La collégiale est livrée aux révolutionnaires. Son martyre commence.
Sur sa façade mutilée on peint en lettres noires: « le peuple français reconnaît l’Être Suprême et l’immortalité de l’âme.» la Collégiale Royale est transformée en Temple de la Raison. Un culte ridicule et emphatique prétend remplacer, au nom de la raison, cette idole des Lumières, le culte catholique. Mais ce n'est pas assez, car on se lasse très vite de ces cérémonies pseudo religieuses. Il faut aller plus loin. Il faut détruire tout ce qui rappelle l'Ancien Régime, le trône et l'autel...
Les révolutionnaires arlésiens viennent livrer l'édifice au pillage :Le portail totalement martelé, les tableaux volés, les archives, livres liturgiques, et ornements brûlés, les statues brisées, le tabernacle du maître-autel et son dais, détruits, les grilles et les stalles du Chapitre renversées et emportées. Le buste-reliquaire du chef de sainte Marthe fut envoyé à la monnaie à Marseille en mars 1794, avec le bras reliquaire en vermeil, également offert par Louis XI. Un document du 11 germinal An III atteste qu'il a été promis au sieur Étienne-Louis Olombel. Mais le 9 août 1795, Gaillard, directeur de la monnaie expédiait au Muséum de Paris, ledit reliquaire. Il avait été subjugué par sa beauté et sa richesse. Le 19 septembre le buste arriva dans la capitale et disparut mystérieusement...D'aucun pensent qu'il ne fut pas perdu pour tout le monde. Bonaparte, l'aurait dépecé pour payer son armée d'Italie! Quant à la tête de notre Sainte...elle aura été jetée dans quelque charnier de la capitale avec d'autres victimes, comme elle, de la Révolution.
Un miracle cependant a lieu. Alors que les fous furieux projettent de détruire le tombeau de Sainte Marthe et de jeter ses reliques dans le Rhône, arrivés devant l’escalier qui conduit à l’église basse, ils sont arrêtés net : « Une force mystérieuse nous repoussa par trois fois et nous eûmes la berlue… » relatent-ils dans leur journal. L'abbé Véran parle de cécité.
Pris de panique, ils s'enfuirent tout honteux. Un paroissien zélé, Monsieur Fabre, ancien procureur du roi, fit alors murer les entrées et c’est ainsi que notre vrai trésor, le corps de sainte Marthe, fut préservé.
Le curé Reynaud, revenu de ses premiers moments d’égarement, avait auparavant caché des reliques importantes, dont la Sainte Épine, sous le maître-autel. L’opération, avec un paroissien courageux, avait été réalisée de nuit plusieurs jours d’affilée.
A la fin de la Terreur, l’église est défigurée et vidée de ses trésors fabuleux.
La Terreur blanche des royalistes lui succède et s'installe à Tarascon en 1795. S'ensuit une longue série de règlements de comptes sordides.
Le culte est rétabli par intermittence à partir du 12 juillet 1795.
Le Directoire souffle le chaud et le froid.
Renaître à tout prix.
En 1802, le Concordat, signé entre le consul Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII, apporte une lueur d’espoir. Le curé Jean-Baptiste Reynaud revient et retrouve sa charge avec quelques religieux dont les communautés ont été anéanties. Tout près de la collégiale meurtrie, les ursulines ré-ouvrent un pensionnat et une école. Les Filles de Sainte Marthe s’activent à l’hôpital Saint Nicolas. La pratique est peu à peu restaurée, les croix relevées, les cloches remontées, les autels de nouveau consacrés. Le clergé est âgé et peu nombreux mais les vocations à Tarascon ne manquent pas.
Le 3 août 1805, Mgr Jérôme Champion de Cicé, nouvel archevêque d’Aix, autorise le curé à faire une reconnaissance des reliques de sainte Marthe.
Cette nouvelle ouverture du tombeau suscite beaucoup d’émotion. C’est le curé de Saint-Rémy-de-Provence, l’abbé Arquier qui est chargé de la délicate opération en présence du curé Reynaud, et de nombreux religieux.
Trois reliques sont placées dans un nouveau buste en bois doré et dans le bras reliquaire, qui voudraient imiter ceux perdus en 1794.
Le maître-autel est rebâti avec les éléments de l'ancien.
On installe dans l’église les œuvres d'art tirées des communautés d’Ancien Régime; Des Capucins, les 7 tableaux de la vie de sainte Marthe de Joseph-Marie Vien (1716-1809), deux toiles de Carl Vanloo (1705-1765), les meubles et les ornements de leur sacristie, l’épitaphe du Père Chérubin de Noves, et de nombreux tableaux de prélats et de papes, des reliquaires en bois doré somptueux, des Bénédictines, quelques toiles suaves de Parrocel autour de l’Annonciation et de la Nativité, et le portrait de la dernière abbesse, des Cordeliers, la charmante statue de Saint Antoine de Padoue, des Dominicains, le retable de Saint Roch, Saint Laurent et Saint Jean, d’Hans Clémer, un superbe Saint Dominique de Sauvan, Saint Thomas d’Aquin et Sainte Catherine de Sienne de Parrocel, des sœurs du Refuge, le chef-d’œuvre de Parrocel, sainte Marie l’Égyptienne, des Ursulines, la chaire et deux toiles mariales.
La Collégiale devient un véritable musée avec 48 tableaux de maîtres.
En 1820, le pilier de la chaire s'affaisse dangereusement. Il faudra effectuer de gros travaux pour que les voûtes de la crypte résistent.
Devenue sous-préfecture des Bouches-du-Rhône, de 1800 à 1816, la cité est fière de recevoir quelques célébrités qui redorent son blason.
Le 6 février 1814, le pape Pie VII (1742 - 1823), enfin libéré de sa prison de Fontainebleau où le tenait depuis 1812 Napoléon, s'arrête à Tarascon et vénère les reliques de sainte Marthe.
En son honneur une place porte son nom, c'est la place Pie, qui est l'ancien cloître des Ursulines.
Lors des fêtes qui marquent le retour des Bourbons, Tarascon accueille avec joie, le 20 mai 1823, la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse de France, duchesse d'Angoulême, à laquelle on offrira les Jeux de la Tarasque, qui la séduit moins que le tombeau de sainte Marthe.
Une paroisse modèle : l'union du trône et de l'autel.
Le curé Honorat Bondon sera le grand artisan de la renaissance de la collégiale. Né en 1798 à Tarascon, il a vu passer tous les régimes et toutes les révolutions. Ordonné en 1822, il devient le vicaire du curé Reynaud et son bras droit. Il lui succède en janvier 1834 et restera à son poste pendant 49 ans !
Il est aidé dans sa tâche par un personnel nombreux cité dans le Coutumier de la paroisse de 1842 : le curé est assisté de quatre vicaires et de quelques « prêtres habitués », qui célèbrent la messe, le conseil de la fabrique (conseil économique) composé de neuf membres appelés fabriciens dont trois sont marguilliers (comptables), le sacristain et son adjoint, l’aide-sacristain, un organiste, deux chantres et un « serpent » (musicien d’un instrument à vent que porte ce nom à cause de sa forme), un suisse qui fait respecter l’ordre public, un officier de chœur (maître de cérémonie)et huit enfants de chœur.
Le curé est l’âme de la cité et donne l’exemple en cas d’épreuve. L’inondation de 1840 puis celle de 1856 jettent la ville dans le plus grand désarroi. Le chanoine Bondon se bat sur tous les fronts.
Après la reconnaissance des reliques de sainte Marthe, le 22 décembre 1840, il restaure le tombeau et l’événement est fêté le 24 janvier 1841 en présence d’une foule immense.
Il promeut le culte de la sainte amie de Jésus en favorisant la publication d'images pieuses et de brochures.
Il encourage Monsieur Faillon, un prêtre sulpicien originaire de Tarascon, qui livre au public deux sommes érudites sur nos saints de Provence dès 1835, ainsi que l'abbé Joseph Véran, auteur d'une vie de Sainte Marthe en 1868. Ces ouvrages fourmillent de renseignements précieux mais se ressentent de l'esprit du temps.
Il restaure la liturgie dans toute sa splendeur et recrée la maîtrise. En 1844, il fait appel à Prosper Moitessier pour restaurer l’orgue. Le clavier est refait à neuf. Les verrières du chœur sont ré-ouvertes et se parent de splendides vitraux en 1857, des grilles ouvragées remplacent celles qui ont été détruites pendant la Révolution, et l’église bénéficie d’une entière restauration entre 1855 et 1857. On la débarrasse des enduits qui la défiguraient. Prosper Mérimée l’avait préconisé dès 1840 et inscrit l’édifice sur la liste des monuments historiques.
A cette occasion, hélas, les tapisseries baroques sont vendues au musée de Cluny à Paris pour payer les réparations en cours. On n’appréciait plus ce style. La mode était au gothique et au style « troubadour » diffusé par Viollet le Duc.
La paroisse va s’enrichir d’un nouveau buste-reliquaire très semblable à l'ancien. Il est livré le 9 mai 1868. Le projet remontait à 1866. Un don de 6 000 francs avait donné l'idée au curé Bondon de faire reproduire la chasse de Louis XI. Il chargea l'abbé Faillon de trouver un artiste capable de ciseler ce nouveau reliquaire. Il choisît le parisien Jean-Alexandre Chertier, qui avait travaillé pour le célèbre Viollet le Duc. Monseigneur Georges Chalandon, archevêque d'Aix procédera à la translation des reliques. Elle sert toujours pour les processions et les fidèles aiment prier devant elle.
La confrérie de sainte Marthe est recréée à cette époque et elle est composée de 33 messieurs. Les autres confréries renaissent aussi, y compris les Pénitents.
Une Conférence de Saint Vincent de Paul fonctionne depuis 1842, à laquelle est associée l’œuvre féminine de la Providence fondée en 1843.
On le voit, les plus pauvres sont choyés par le bon curé. Il se soucie aussi des enfants et introduit en 1852, les Frères des Écoles Chrétiennes qui seront ensuite remplacés en 1860 par les Frères du Sacré-Cœur du Puy qui enseignent dans les écoles communales puis dans le Pensionnat du Sacré-Cœur.
Les filles ne sont pas oubliées non plus.
En 1840, les sœurs des Saints Noms de Jésus et Marie fondent l’école de la rue Zola et en 1846, les sœurs de Saint Thomas d’Aix, celle de la Charité.
En 1860, les sœurs de Notre-Dame Auxiliatrice, garde-malades sont installées dans l’ancien couvent des Cordeliers.
Le curé a la joie de voir refleurir la vie monastique à l’abbaye de Frigolet en 1858 avec l’arrivée des prémontrés, au Petit Castelet des pères carmes en 1881 et les ursulines en 1853 se sont agrégées aux visitandines.
Toutes ces confréries et ces communautés fréquentent la paroisse et l’animent.
C’est le grand moment d’unité nationale autour du culte du Sacré-Cœur.
Le culte marial est à son apogée.
Les statues sulpiciennes en plâtre remplacent aussi trop souvent les jolies pièces qui avaient traversées les diverses révolutions.
On achète enfin à tour de bras des ornements somptueux aux maisons lyonnaises les plus réputées et l’orfèvrerie n’est pas oubliée non plus!
En 1856, une nouvelle inondation est l’occasion de renouveler les gestes héroïques de 1840.
L'empereur Napoléon III se déplace même en personne pour soutenir la population terriblement éprouvée. Il ne pourra pas se recueillir devant les reliques de sainte Marthe; elles sont sous l'eau !
A la mort du curé Bondon, le 31 mai 1882, la restauration matérielle, morale et spirituelle de la paroisse est parfaitement réussie grâce à la ténacité, l’esprit religieux, la charité et l’humilité à toute épreuve du bon chanoine.
On peut même parler d’une certaine sainteté, que tous ses contemporains lui ont décernée.
Il aura été prêtre, à Tarascon, vicaire puis curé, pendant exactement 60 ans !
Les lois laïques ou comment achever l’œuvre de la Révolution.
La mort du curé Bondon signale un changement d’époque radical.
La nouvelle république veut achever l’œuvre de la Révolution en rompant le lien qui unit depuis 1802 l’État et l’Église. Cette rupture s'effectuera en plusieurs étapes.
Dès 1882, la municipalité anticléricale attaque l’Église et, au mépris des accords signés entre la France et Rome, interdit les processions (arrêté du 2 mars 1895), les sonneries de cloche, l’instruction religieuse dans les écoles, etc… Dans la nuit du 16 au 17 juin 1905 on renverse toutes les croix et calvaires, les statues sont délogées de leur niche au coin des rues, et bientôt les noms anciens de celles-ci sont remplacés par des célébrités révolutionnaires, bref, la guerre est déclarée.
Le curé Barthélémy Bastard ne s’en laisse pas conter et défie avec ses paroissiens les lois vexatoires en vigueur. Il gagne cependant le procès que lui intente la municipalité en 1895.
Il se dévoue corps et âme à ses paroissiens lors des inondations de novembre 1896 et gagne l’estime de tous par son courage et sa détermination.
Il doit faire face aussi à un suicide perpétré par un homme qui se tire une balle dans la tête dans l’église en pleine adoration du Saint-Sacrement le 9 décembre 1896. Il procède à la cérémonie de réconciliation de l’église deux jours plus tard.
Tarascon restera marquée par l’empreinte catholique traditionnelle sous la double égide de Notre-Dame du Château et de Sainte Marthe, et aucun maire n’osera jamais ôter la statue de l'hôtesse du Christ de la façade de l’Hôtel de Ville, ni la Vierge Dorée du Portail Saint Jean, placée par le curé Bondon en 1866 !
On s’attaquera donc aux écoles d’où l’on chasse définitivement les religieux et les religieuses en 1904. Celles-ci recréent des écoles libres.
Les sœurs de Saint Thomas sont chassées de l’hôpital Saint Nicolas et de la Charité en 1905 aux regrets de tous.
Les moines avaient été obligés de quitter leur cloître dès 1901.
Seules les visitandines résistent à la tourmente mais perdent leur pensionnat qui était leur principale source de revenus.
La séparation de l’Église et de l’État, décidée unilatéralement par le gouvernement Combes en 1905, aura de sévères répercussions sur les paroisses.
Les édifices cultuels, les presbytères et les locaux paroissiaux deviennent propriété des municipalités qui devront prendre en charge leur entretien. Ils pourront aussi les vendre, exceptées les églises paroissiales. Le clergé reste cependant affectataire des lieux de culte.
Les avoirs en banque, les dons, les propriétés, les baux commerciaux et les loyers, tout est confisqué.
La paroisse est exsangue.
Le curé Bastard et son vicaire administrateur, le chanoine Antoine Prat, protestent contre les inventaires qui organisent la spoliation injuste des biens qui font vivre la paroisse. Dans ces conditions on ne peut plus faire de travaux. On achète par contre un nouvel orgue de chœur en 1898 fabriqué par l'entreprise Vignolo, le grand orgue ne fonctionnant plus très bien tout comme l’harmonium, et du matériel liturgique de série de facture néogothique sans grand intérêt artistique.
En 1912, une association dénommée « Société de la rue du Louvre » se crée autour de quelques veuves et célibataires pieuses, pour sauver quelques immeubles et les écoles catholiques. C’est ainsi qu’est racheté le presbytère, les locaux du patronage des filles (ancienne abbaye des Bénédictines) et l’hôtel de Raymond de la Visclède, aujourd’hui maison paroissiale de Béthanie, pour loger les vicaires et les œuvres paroissiales, qui sont florissantes malgré les attaques répétées d'un laïcisme agressif et étriqué.
Nous devons rendre hommage à ces fidèles courageuses et astucieuses qui ont tout tenté pour sauver ce qui pouvait l’être encore et souvent avec leurs propres deniers. Elles appartiennent aux familles de la bourgeoisie terrienne qui a pris depuis un siècle le relais de l'aristocratie moins influente à Tarascon depuis la fin du XVIIIe siècle. On retrouve dans les registres les noms des grandes familles comme les Cartier, les Montagnier, Grangier, Veran, Fielloux, Denty, Mouret, Fabre, Saint-Michel, Giraud, Bleyrad, Alméras, Liotard, Celse, Barberin, Monnier, etc... Elles fournissent beaucoup de vocations. Quelques familles de la noblesse continuent malgré tout à soutenir l’Église: les Solliers, Sabran-Pontevès, Crèvecoeur, Sambucy de Sorgue, Verclos, Roux, Barrème, etc...
Tarascon s’enfonce dans la crise démographique et connaît un déclin inéluctable moqué par Alphonse Daudet dans son personnage comique et grotesque, Tartarin, héros de trois livres publiés en 1872, 1885 et 1890.
La population tombe à 8 031 habitants en 1911. Cette année-là on ne comptait que 18 mariages et 57 baptêmes à Sainte Marthe. En 1910, seuls 58 % des enfants nés à Tarascon reçoivent le baptême contre 100 % en 1805!
Le clergé de Sainte Marthe vit des heures difficiles.
Tous les couvents sont fermés, à part la Visitation et les sœurs garde-malades qui tiennent la crèche et veillent les malades à domicile.
Les écoles catholiques de filles recrutent d’anciennes religieuses sécularisées et des demoiselles, mais les conditions d'accueil restent précaires.
Les garçons sont pris en charge par les prêtres.
Les congrégations, surtout féminines, et les confréries, prospèrent et sont des lieux de résistance à la sécularisation ambiante.
La « bonne-presse » catholique est très active et défend l’Église avec humour et à propos souvent, mais aussi parfois avec des préjugés et des anathèmes lancés sans discernement contre l'évolution des mœurs et des mentalités.
A l'image du pape Léon XIII ou saint Pie X, qui se considèrent prisonniers du tout nouveau royaume d'Italie, l’Église se considère assiégée.
L’Église oscille entre un patriotisme exacerbé anti-allemand, face à la menace d'une guerre imminente et la détestation d'une République hostile au catholicisme, qui a rompu avec Rome.
Guerres et paix.
La Guerre de 1914-1918 achève de saigner à blanc la jeunesse de Tarascon, déjà peu nombreuse, avec 265 tués. Plusieurs abbés ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. Les religieuses ont soigné comme jamais nos poilus avec un dévouement admirable. On les accueillera de nouveau dans les années trente.
Une plaque des enfants de la paroisse, tombés au front, est inaugurée dans la collégiale après la guerre, en 1919.
Le patriotisme des catholiques a été sans faille et notre église souvent pavoisée aux couleurs nationales.
On ne compte plus les bannières patriotiques, les couronnes et les ex-votos militaires, sans parler des vases fabriqués avec des obus !
Le culte de Jeanne d’Arc, canonisée en 1920, et celui de la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus, canonisée en 1925, sont des facteurs d’unité.
La collégiale accueille dans la chapelle Saint François, un nouvel autel dédié à la sainte de Domrémy, typique des années 20.
La statue de sainte Thérèse est aussitôt placée dans l'église après sa canonisation.
La paroisse Sainte Marthe reste fréquentée par les notables, les riches commerçants et les paysans aisés. Ils sont conservateurs, attachés à la terre, pieux et plutôt royalistes, version Action Française. Sa rivale, la paroisse Saint Jacques est au contraire celle des artisans, des petits commerçants et des ouvriers et semble plus ouverte aux nouveautés sociales.
Les œuvres de jeunesse et les mouvements fleurissent cependant dans les deux paroisses ; patronages, Enfants de Marie, scoutisme, Croisade Eucharistique, mouvements d’Action Catholique, noëlistes, Rosaire Vivant, Tiers-Ordre et confréries.
Des cercles de formation chrétienne connaissent un certain succès. On renoue avec les grandes missions paroissiales très suivies. Les conférences de carême du haut de la chaire de Sainte Marthe avec des prédicateurs de renom, jésuites ou capucins, oblats de Marie ou dominicains, sont des temps forts de la vie paroissiale.
Les écoles catholiques ont le vent en poupe malgré des budgets serrés.
Notre collégiale voit défiler ses enfants en bérets, mantilles et chapeaux, quelques paroissiennes encore en costume traditionnel, mais déjà il y a quelques absents… La pratique baisse inexorablement derrière le semblant d’unanimisme des photos de premières communions, de communions solennelles et confirmations, 37 en 1939. La même année on compte 43 baptêmes (72,2 % des naissances), 16 mariages religieux (54 % des mariages) et 39 funérailles religieuses.
L’entre deux guerre est une époque de reconstruction mais qui s’achève sur un nouveau désastre, la deuxième guerre mondiale. 35 tarasconnais y laisseront leur jeunesse et leurs rêves et Tarascon choisit le Maréchal.
Pétain incarne les vieux idéaux d'une paysannerie conservatrice, traditionnellement catholique, plutôt antisémite, anticommuniste et surtout attachée à sa terre. N'oublions pas enfin que Tarascon est une ville de garnison et qu'on ne badine pas avec l'autorité militaire. On chantera donc volontiers dans nos casernes comme dans nos écoles catholiques et ailleurs, « Maréchal, nous voilà! ». On supportera beaucoup moins bien la présence envahissante des allemands et de la Milice.
Il faut aussi rendre hommage aux courageux résistants tarasconnais et à ceux qui au péril de leur vie ont sauvé des juifs, comme le fondateur de la Maison Souleïado, Charles Demery.
Mais il n'est pas bon d'habiter près d'un pont ou d'une gare en temps de guerre...
La ville connut 12 bombardements américains et anglais à partir du 25 juin 1944, à l’heure de la grand-messe, avec deux morts, et celui du 16 août resta longtemps dans les mémoires.
Ce jour-là le quartier historique de la collégiale est anéanti sous un tapis de bombes. On déplorera trois morts seulement, la ville ayant été en partie évacuée. Le sacristain, demeuré dans l'église a bien cru sa dernière heure arrivée. La partie haute du clocher avec sa flèche et ses cloches s’écroulent sur la nef. Une travée s’est effondrée, les chapelles au nord sont complètement détruites, les vitraux ont volé en éclats, le joli lanternon de la chapelle Sainte Cécile est à demi ruiné.
Ruinée aussi la paroisse, et profondément divisée par les soubresauts de la guerre.
Au règne sans partage des partisans du vieux Maréchal Pétain, dont la plupart des « bons catholiques », succède celui des résistants, des communistes et des progressistes de tout poil.
Ce sont les heures sombres de l'épuration, qui à Tarascon fut douloureuse.
Qu'en pense le curé Léon Reynaud (encore un!), qui écrivait des lignes dithyrambiques dans le journal de la paroisse, lors de la visite de Madame Pétain à Sainte Marthe le 18 mai 1941, en pleine fête de Notre-Dame du Château? Il note sobrement le changement de régime...
L’Église s'est trouvée à Tarascon du côté des perdants, tout comme son archevêque, Mgr Florent-Marie du Bois de la Villerabelle, dont le général De Gaulle a réclamé la tête au nonce Roncalli à la Libération.
La municipalité socialiste de Numa Corbessas saura ménager la paroisse avec intelligence et pragmatisme. On avait besoin de tous pour reconstruire la ville, au sens propre et au sens figuré.
Nouvelle naissance : un enfantement dans la douleur.
Notre belle collégiale se dresse à présent au milieu d’un champ de ruines. Le réveil est douloureux. Le curé Reynaud note tristement qu’il a perdu un tiers de ses paroissiens. Les offices sont déplacés à la Visitation et à la Persévérance et les obsèques à Saint Jacques.
Mais dès le 25 février 1945 les offices reprennent dans la partie comprise entre le chœur et la chaire. On entre par la rue de la Liberté et la sacristie a été entièrement détruite. Heureusement que la plupart des trésors de celle-ci étaient stockés dans la sacristie haute de Jean de Calabre demeurée intacte.
Les processions donnent lieu à des incidents avec les libres penseurs, très influents après la guerre. La municipalité oblige le clergé à s’abstenir de porter les ornements sacerdotaux pour ne pas les provoquer…
Les processions donnent lieu à des incidents avec les libres penseurs, très influents après la guerre. La municipalité oblige le clergé à s’abstenir de porter les ornements sacerdotaux pour ne pas les provoquer…
En mai 1948, alors qu'il se rend aux Saintes-Maries-de-la-Mer, pour le pèlerinage des gitans, le nonce apostolique, Mgr Angelo Roncalli s'arrête à la collégiale pour y prier sainte Marthe, sous les étais et les échafaudages. Dix ans plus tard il deviendra le pape Jean XXIII (1881 – 1963), aujourd'hui canonisé.
Cela met du baume au cœur du curé Reynaud, d'autant que le nouvel archevêque, le fringant Moseigneur Charles de Provenchères, est très attentif à Tarascon et sa région, la zone la plus pratiquante du diocèse et toujours pourvoyeuse de bonnes vocations sacerdotales et religieuses.
Le 17 janvier 1954, le curé Reynaud est heureux d’inaugurer les locaux agrandis de l’école Sainte Marthe, qui s’est installée dans les locaux du pensionnat du Sacré-Cœur, fermé en 1946.
Fondée en 1884 par les sœurs de Saint Thomas, elle est alors tenue par les sœurs de Saint Joseph.
Le 23 mai de la même année, on évalue à 1 500 personnes le nombre de participants au pèlerinage de Notre-Dame du Château.
En 1956, une grande mission s’ouvre, prêchée par des franciscains, des capucins, des dominicains et des oblats de Marie et avec elle une nouvelle ère. Le curé Reynaud clôt son journal et son ministère à Tarascon. Il a préparé le terrain à son vicaire qui lui succède comme curé.
Un curé têtu au grand cœur.
L'abbé Pierre-Marie Boulat, fils d'un bijoutier des Martigues dresse sa silhouette familière d'ami de Dieu et des hommes. Il va marquer durablement la ville et la paroisse de son empreinte.
Il lui faudra beaucoup de ténacité pour entreprendre et achever la restauration de son église, inhabitable pendant des années. Il faut voir aux archives paroissiales et municipales de Tarascon la masse impressionnante de lettres, devis, expertises, contre expertises, rapports, projets et plans que notre vaillant curé a rédigés, lu, annoté, avec une minutie de bénédictin. Les dommages de guerre ont apporté quelques subsides. Ces travaux colossaux furent donc financés par quelques aides de l’État, les dons des fidèles, par la vente de l'ancien presbytère de la place Renan, et celle du cloître démantelé des Bénédictines, au prix aussi de la dispersion de nombreuses œuvres d'art de la chapelle de la Persévérance et de Saint Jacques, dont la paroisse a été supprimée en 1951.
Dix ans plus tard on commande un nouveau vitrail au célèbre maître-verrier Max Ingrand. Cette nouvelle rosace qui surplombe le chœur est installée en 1965 ; il s’agit de sainte Marthe domptant la tarasque auréolée d’anges.
En 1968, le curé Boulat peut enfin occuper le nouveau presbytère construit sur les ruines de l’hôtel de Provençal de Fontchâteau, occupé successivement par les Barrème puis les Sollliers. Il rappelle fièrement dans une lettre officielle que le cardinal de Richelieu y logea deux fois longuement en 1632 et en 1642. Il espère que le square situé devant la maison curiale portera le nom du grand ministre. De spacieuses salles paroissiales compléteront bientôt l’ensemble.
Le 3 mai 1970 est un grand jour car il sonne la restauration enfin achevée de la collégiale. Le clocher a retrouvé sa fière allure. On imagine la joie et la fierté des tarasconnais et de leur curé, qui éclatent ce jour-là en actions de grâces. Sainte Marthe, une fois de plus n'a pas abandonné ses enfants et eux ne l'ont pas oubliée non plus !
En 1972 on interdit par contre l’accès à la crypte devenu trop dangereux en raison des bombardements. Il faudra huit ans d’acharnement administratif pour que le Père Boulat puis son successeur, le Père Jean Esparvier obtiennent la réfection des lieux, au prix de la destruction d’un ensemble baroque exceptionnel. En 1980, la crypte présente un visage totalement différent de celui que les pèlerins avaient coutume d’admirer. Cependant on ne peut que se réjouir d’avoir mis en valeur le sarcophage antique qui contient toujours les restes précieux de sainte Marthe
Enfin c'est seulement en 1974, que les quatre cloches, baptisées par Monseigneur de Provenchères dix ans auparavant, sonneront de nouveaux dans le beffroi du clocher entièrement reconstruit à l’identique, et ce sera pour honorer son restaurateur mort quelques jours avant.
Ce carillon est l’œuvre du Maitre-Fondeur Joseph GRANIER de Saint Laurent des Nievrez (Hérault).
Il comprend 4 cloches :
-Ste Marthe : 1700 kg, Ré, 1,40m de diamètre, Ste Marthe et le Gisant
-Notre-Dame du Château : 700 kg, Sol, 1,05m de diamètre, N-Dame du Château et une croix
-Saint Michel : 500 kg, La, 0,93m de diamètre, St Michel et une croix
-Saint François d’Assise : 350 kg, Si, 0,83m de diamètre, St François et une croix
L’esprit conciliaire.
Pendant dix-huit ans, le curé Boulat animera la paroisse alors que le Concile Vatican II, ouvert en 1962 par saint Jean XXIII et terminé par saint Paul VI, modifiera profondément le paysage religieux de notre pays.
La collégiale doit s’adapter à la nouvelle liturgie qui modifie quelque peu sa physionomie.
On tend des rideaux orangés dans le chœur, un nouvel autel est placé pour célébrer la messe face au peuple, des laïcs pénètrent dans le chœur, jusque-là réservé aux clercs et aux servants. La table de communion va disparaître car on ne communie plus à genoux, les ornements sont simplifiés. Le français est maintenant de rigueur, même si on continue d’entonner à plein poumons quelques communs grégoriens et des pieux cantiques en lengo nostro.
Les temps changent et la ville aussi, la pratique suit. Elle résiste assez mal à Tarascon. Le catéchisme est certes majoritairement suivi, on continue de se marier à l’église (en 1952, 59,1 % des mariages célébrés à Tarascon), presque tous les enfants sont baptisés (en 1952, 96,2 % des enfants nés à Tarascon sont baptisés), mais la pratique dominicale s’effondre progressivement.
Une première enquête paroissiale en 1954, à la veille des changements conciliaires, offre une idée de l’état religieux de la ville après-guerre. On dénombre 1 236 pratiquants (423 hommes et 813 femmes) pour 7 399 habitants. Une femme sur quatre pratique et un homme sur neuf ! 127 baptêmes, 89 confirmations, 72 obsèques sont célébrées. La chute des vocations est aussi significative : si 10 % des prêtres du diocèse en 1919 étaient originaires de Tarascon, ils ne sont plus que 4 prêtres en 1954.
Un recensement paroissial de 1962 nous donne une radiographie précise de la communauté catholique de Tarascon, alors que s’ouvre le concile. On dénombre 1 540 pratiquants (550 hommes et 990 femmes) pour 8 661 habitants, soit environ 16 % de pratique pour 14 messes dominicales hebdomadaires; à noter que la seule collégiale attire 1 095 fidèles en 4 messes. 116 baptêmes, 117 communions solennelles, 133 confirmations, 98 obsèques sont célébrées. 120 foyers sont concernés par le divorce ou l’union libre, la moyenne du nombre d’enfant par foyer est de 1,6, 229 personnes arrivent d’Afrique du Nord dont 166 d’Algérie, 48 d’Outre-Mer, on compte 396 étrangers dont 161 italiens et 202 espagnols.
La physionomie de Tarascon évolue très vite. La majorité de la population est encore autochtone mais il y a si peu d’enfants à naître que les missionnaires diocésains parlent de « catastrophe démographique ». Le matérialisme gagne du terrain. Il est lié à la reconstruction de l’après-guerre et à la recherche de bien-être, légitime après tant d’années de sacrifices. C’est une époque de grands changements sociétaux, d’innovations techniques d’ampleur, de consumérisme exacerbé. La population ouvrière, nombreuse à Tarascon, passe en grande majorité au communisme. Les vieilles notabilités et les grandes familles de type patriarcal disparaissent ou du moins évoluent très vite. Elles étaient le substrat fidèle et engagé des paroisses. Mai 68 se prépare.
En 1968, on dénombre 10 857 habitants. 173 baptêmes, 137 communions solennelles, 93 confirmations, 81 obsèques sont célébrées. A titre de comparaison, en 1983, pour 11 000 habitants, on ne compte plus que 6 % de pratiquants. 128 baptêmes, 58 confirmations, 83 obsèques sont célébrées.
Les années Jean-Paul II
Les années postconciliaires ont été difficiles ; chute des vocations, départ de nombreux prêtres, fermetures de communautés (les carmes en 1969, les sœurs gardes-malade en 1972 puis les sœurs de Saint Joseph en 1989), baisse considérable de la pratique, critique des positions de l’Église sur la contraception, l’avortement, la place de la femme dans la société, crise de l’autorité, querelles liturgiques, crispations théologiques, etc…
Le pape saint Paul VI avait proféré ces paroles terribles : « les fumées de Satan sont entrées dans l’Église ». A sa mort en 1978, c’est un pape venu de Pologne, qui est élu sous le nom de Jean-Paul II, après le court intermède de Jean-Paul 1er.
Incontestablement le charisme extraordinaire du nouveau pape produit comme un nouveau printemps de l’Église. Par ses voyages autour du monde les tarasconnais prennent mieux conscience de l’universalité de l’Église. D’ailleurs, il ne reste guère d’autochtones à Tarascon. La ville grandit. Certes pour un peu de temps encore, la caserne et ses militaires, le Palais et ses hommes de Loi, les notables de l’aristocratie terrienne ou de la bourgeoisie commerçante, le monde paysan et ouvrier, les artisans et son clergé nombreux, conservent à Tarascon sa physionomie bonhomme d’une charmante cité provençale, qui se réveille à l’aube du XXIe siècle.
Sous l’impulsion des diverses municipalités et en partenariat avec la paroisse, Tarascon connaît de belles réussites.
Notre collégiale va continuer de se refaire une beauté !
Après la crypte, restaurée en 1980, une association des Amis de l’Orgue de Tarascon est créée. Le 6 mai 1984 on peut inaugurer l’instrument restauré par les soins des organiers de Jean Dunand de Villeurbanne. De nombreux et talentueux organistes se succéderont au clavier de ce magnifique instrument, comportant 26 jeux et 1 920 tuyaux, dont 60 % des XVIIe et XVIIIe siècle.
En novembre 1995 est créée l’association des Amis de la Collégiale Sainte Marthe, par une équipe de vaillants paroissiens. Sous l’égide du Père Jean Esparvier curé de 1974 à 1992, du Père Bernard Wauquier curé de 1992 à 1998, puis du Père Michel Ciccullo, curé de 1998 à 2014, de nombreux chantiers de rénovation sont entrepris : murs extérieurs, toitures, restaurations de tableaux et de statues, mise valeur du patrimoine par une signalétique modernisée et des expositions, vitrail du bimillénaire du christianisme, nouveaux autels, rampe pour les handicapés, etc…
Des subventions sont sollicitées, des dons reçus. Grâce à cette somme de générosité, notre église est de plus en plus belle et attrayante.
Un accueil est proposé par la pastorale du tourisme avec une équipe fournie et très motivée.
En 1985, le curé Esparvier inaugure le premier conseil pastoral avec des représentants des mouvements de la paroisse. Il fourmille d’initiatives apostoliques qui portent du fruit. Les réunions mensuelles se tiennent à la Visitation pour y associer les moniales qui délèguent deux sœurs de la communauté.
La paroisse est en plein renouveau avec le catéchisme et l’aumônerie de jeunes très dynamiques, ses animateurs liturgiques, sa chorale, ses nombreux mouvements d’apostolat, ses groupes de prière, son action envers la communauté gitane, son Secours Catholique très efficace, l’Abri Saint Nicolas pour les SDF et personnes en grande précarité, sa fraternité Franciscaine, ses formations pour adultes, sa communauté de vie autour du père Bouvier-Donnat, les Frères de la Résurrection (1985-1989), les sœurs de Saint Charles de Nancy (1988-2010), puis les Petits Frères de l’Évangile (1992-1999) qui rejoignent les visitandines en plein renouveau avec mère Marie-Marguerite Dewintre et les prémontrés de Frigolet.
Il faut ajouter nos écoles catholiques bien vivantes à Sainte Marthe et au Petit Castelet.
La paroisse administre également de nombreux biens et une nouvelle association est créée en 1987 pour gérer le Foyer des Jeunes de la rue Fléchier où se réunissent le vicaire, l’aumônier de la prison, les scouts, la chorale « Les Voix Provençales », des handicapés, l’aumônerie des jeunes Jean-Paul II, le Mouvement Eucharistique des Jeunes et le Secours Catholique.
Le monde de la justice, les militaires, les divers milieux sociaux, les fêtes de la ville, le patrimoine, le milieu hospitalier ne sont pas oubliés.
La foi populaire retrouve aussi ses droits même si cela chagrine les esprits forts aussi bien du côté catholique que du côté de la société civile.
Les Fêtes de la Ville et la Tarasque sont l’enjeu de cette unité entre la cité, le pouvoir politique et l’Église. Si le Père Wauquier se montrait enthousiaste pour travailler à cette unité, le Père Ciccullo privilégiait une autre approche plus prudente voire parfois farouchement opposée.
Les sacrements certes perdent du terrain : en 1994 pour 11 500 habitants on compte 87 baptêmes, soit 55 % des enfants déclarés nés à Tarascon (quelques enfants sont baptisés à l’extérieur), 34 mariages, soit 50 % des mariages célébrés. Des équipes de préparation fonctionnent avec des laïcs très engagés aussi bien pour les baptêmes que pour les mariages. 42 % des enfants sont catéchisés, 30 % collégiens et 15 % de lycéens. Les chiffres restent impressionnants: 90 enfants à l’éveil à la foi (10 dans le public, 80 en école catholique), 285 enfants en primaire (87, 198), 161 en collège (30, 131) et 22 lycéens sur 146 tarasconnais scolarisés au lycée Daudet qui compte un total de 660 élèves de toute la région.
La Confrérie de Notre-Dame du Château est toujours aussi vivante et les pèlerinages attirent beaucoup de monde. C’est un rendez-vous incontournable pour beaucoup de tarasconnais de souche.
L’entrée dans le XXIe siècle:de puissants défis pour le présent et l’avenir.
En 2000 pour 13 000 habitants, on comptait encore 97 baptêmes, 25 professions de foi, 22 confirmations, 104 obsèques. La paroisse Sainte Marthe aborde cette nouvelle étape de son histoire dans un environnement social, culturel et religieux inédit.
Les années qui suivent ce bimillénaire du christianisme sont à la fois douloureuses et remplies d’espérance. Douloureuses à cause de la rareté des vocations, du petit nombre de prêtres disponibles pour la mission, de l’effacement de la vie religieuse, du vieillissement des pratiquants et des paroissiens les plus actifs, de l’éclatement des familles, des attaques répétées contre l’Église, de l’indifférence de la plupart des citoyens à l’égard de ce qui était autrefois le ciment de la Nation. Les nombreux scandales de clercs révélés par des médias avides de sensationnel, les puissants lobbies au service d’une humanité déshumanisée, l’arrogance de l’argent et de la réussite érigés en système par le libéralisme, tout concours à déstabiliser les consciences. On doute de tout, on ne fait plus confiance aux politiques et la foi catholique est marginalisée dans notre pays. Beaucoup de baptisés ont quitté l’Église et certains demandent même la radiation des registres de baptême (2 demandes en 6 ans).
De nouveaux défis encore plus graves nous attendent: migrations qui se comptent en dizaines de millions de déplacés, dérèglement du climat, problème d’eau et d’alimentation qui concernent un bon tiers de la planète, inégalités sociales et économiques qui se creusent, violence politique et incivilités banalisées, terrorisme et persécutions des chrétiens en augmentation permanente, transhumanisme. Nous assistons à un choc des civilisations qui nous dépasse tous. On se sent impuissant face à ces défis.
Ce climat pourrait nous conduire au découragement. Le pape Benoît XVI (2005-2013), puis le pape François, nous aident à y voir clair, à discerner, à être courageux et lucides, mais aussi humbles et confiants.
A Tarascon, notre collégiale continue d’être une sentinelle qui veille sur ses enfants.
Depuis 2000 ans ils ont beaucoup changé. Tarascon compte désormais un pluralisme religieux qui s’accentue régulièrement. Quatre communautés cohabitent plus qu’elles ne vivent ensemble.
Les français d’origine, voire provençaux et tarasconnais de souche se reconnaissent encore souvent dans la foi catholique, notamment à travers la demande d'obsèques religieuses et l'espoir d'inscrire leurs enfants dans les écoles catholiques.
La population musulmane est majoritairement marocaine et elle est particulièrement présente dans le centre ancien.
Les gitans sont présents et sédentarisés depuis longtemps. Un certain nombre d'entre eux se revendiquent de l’Évangélisme protestant.
Les sud-américains principalement équatoriens, boliviens, colombiens et péruviens, en principe catholiques, sont nouvellement arrivés et vivent dans des conditions souvent précaires. Ces travailleurs saisonniers, de nationalité espagnole, sont parfois rejoints par leur famille et quelques-uns s'enracinent chez nous. Il faut ajouter à cette liste les travailleurs agricoles sénégalais, soudanais et polonais, qui forment une population laborieuse et mouvante.
Le taux de fécondité des catholiques est assez faible au regard des évangéliques et des musulmans. L’équation est donc assez simple; à terme les catholiques seront une minorité. Ils le sont déjà dans les établissements scolaires publics.
La ville est réputée désormais la plus pauvre du département. Elle cumule les handicaps :
Chômage plus élevé que la moyenne, bénéficiaires du RSA et analphabétisme croissants, un tiers de la population sous le seuil de pauvreté. Un tiers seulement des habitants paie ses impôts et le travail « au noir » est endémique. L'ancienne capitale des rois de Sicile, de Naples et de Jérusalem, comtes de Provence, ducs d'Anjou, de Bar et de Lorraine, est devenue une belle reine déchue au passé glorieux, au chevet de laquelle les collectivités locales se penchent avec force subventions et aides de toutes sortes... « O tempore, o mores! »
Notre-Dame du Château et Marthe, gardiennes de Tarascon.
La communauté paroissiale de Sainte Marthe a cependant des atouts. Elle est une grande famille bien vivante. En 2019, pour 14 500 habitants, 53 baptêmes, 21 communions, 14 professions de foi, 6 confirmations, 19 mariages et 92 obsèques ont été célébrés.
Sa belle église, ses liturgies et ses activités attirent des pratiquants des environs qui apportent leur dynamisme à la communauté locale.
On aime y prier; sacrements, messe, adoration du Saint Sacrement, liturgie des heures, musique et chant sacrés, chapelet, prière individuelle ou familiale, pèlerinages, fleurissement des autels, funérailles. Notre paroisse et notre église sont chargées de toutes ces prières qui montent en offrande vers le Seigneur.
La paroisse Sainte Marthe peut s’appuyer sur ses trois écoles et son collège catholiques où le message du Christ est enseigné à tous les élèves, soit environ 700 enfants et jeunes concernés en 2020. L'enseignement public n’est pas oublié avec 19 enfants en primaire, 15 collégiens et 8 lycéens. Aucune autre paroisse d’une taille comparable n’est autant pourvue dans notre diocèse.
Depuis près de six années nous accueillons des séminaristes d’Aix ou de Sainte Garde (Vaucluse). Cette présence favorise l’éclosion de nouvelles vocations et apporte un certain dynamisme à la pastorale des jeunes et à la liturgie.
La paroisse Sainte Marthe est un bon terrain de formation apprécié par les supérieurs et les jeunes recrues.
Autre atout, ses communautés religieuses.
L’abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet compte seulement quatre religieux mais aussi de nombreux laïcs à son service. Les actuels chanoines prémontrés sont arrivés en 2016 d’Italie. Ils ont entrepris de nombreux chantiers. Nous y reviendrons.
Le monastère de la Visitation, fort de ses 19 moniales, accueille de nombreux retraitants et groupes.
L’Institut séculier de Notre-Dame de Vie compte trois membres qui encadrent l’école du Petit Castelet et entretiennent le pèlerinage aux sources de leur institut fondé ici en 1929 par le Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, un carme béatifié en 2016.
L’accueil d’une communauté de Franciscaines de l’Évangile en provenance de Sicile est prévu pour 2021.
Il ne faut pas oublier la communauté des sœurs protestantes de Pomerols qui a tissé des liens très forts avec nous depuis très longtemps.
La soif de formation spirituelle, biblique, théologique et liturgique est un atout dans la pastorale. Nombreux sont ceux qui suivent ces formations proposées par la paroisse, le diocèse, les mouvements ou les communautés religieuses et éducatives. Des adultes demandent chaque année les sacrements.
La pastorale familiale joue un rôle important également. Des mouvements et vie paroissiale proposent des temps forts et de formation: Priscille et Aquila, Equipes Notre-Dame, Chantiers éducation, Communauté Sainte Famille, Journée des fiancés, Centre de Préparation au Mariage et au Baptême, Chrétiens Retraités.
L’accompagnement des plus fragiles est bien sûr une priorité: Service Évangélique des Malades, Secours Catholique, Curso Santiago pour les sud-américains, Ordre de Malte, CCFD, visites dans l’EHPAD Clerc de Molières et la résidence La Margarido, accompagnement de personnes psychologiquement fragiles.
Le Centre de détention qui abrite 654 hommes incarcérés et procure un emploi à 250 salariés, requiert également l'engagement de la paroisse avec une équipe autour de l'aumônier, un père prémontré de Frigolet.
La collégiale elle-même est un atout majeur dans notre pastorale. Elle attire de plus en plus de pèlerins et de touristes du monde entier. Chaque année 30 à 40 groupes sont accueillis.
Des liens fraternels nous lient à d’autres confréries ou paroisses dédiées à Sainte Marthe, en Espagne, Italie, Philippines, Australie, Brésil, Colombie ou États-Unis.
Des routes des saints de Provence se mettent en place en partenariat avec les offices du tourisme et les services diocésains des pèlerinages.
Le culte de sainte Marthe a été remis à l’honneur de façon sans doute plus marquée lors de la restauration de la confrérie des consorelles de Sainte Marthe en 2015. La confrérie avait périclité dans les années soixante.
Aujourd’hui ce sont 25 femmes engagées au service de la paroisse qui témoignent, chacune à leur façon, du charisme de l’amie du Seigneur.
Une chapelle dédiée à l’Hôtesse du Christ, appelée « Hospita Christi », a été restaurée par les soins des Amis de la Collégiale.
Elle est éclairée par un vitrail du maître-verrier Éric Savalli, inauguré en 2018, représentant sainte Marthe domptant la tarasque dans le style du XVIe siècle, date de la création de cette chapelle.
Une exposition retrace l’itinéraire de la sainte depuis Béthanie jusqu’à Tarascon et le rayonnement de son charisme de service, d’accueil et d’apostolat.
Les équipes de la pastorale du tourisme continuent leur mission durant l’été et plusieurs paroissiens se sont formés pour la visite des lieux tout en témoignant de leur foi.
La solennité du 29 juillet est toujours très suivie, aussi bien pendant la messe que la procession et la vénération des reliques dans la crypte.
Les Fêtes de la Ville, où la Tarasque est menée par une fillette du catéchisme représentant sainte Marthe entourée des Tarascaïres empanachés, sont une opportunité pour faire communier tous les tarasconnais à une même histoire, celle de sainte Marthe, disciple de Jésus-Christ, plus forte que toutes les tarasques menaçantes de notre temps.
N'oublions pas enfin Notre-Dame du Château et ses fêtes attirent de très nombreux pèlerins pendant les quarante jours de sa présence dans la cité ou la fête de l’Immaculée-Conception très festive.
Lieu affecté au culte, l’église est aussi un lieu culturel ; concerts, classes d’orgue, expositions, conférences, spectacles vivants attirent un public varié et nombreux.
Les Amis de Sainte Marthe à l'action!
Cette association ne chôme pas! La collégiale réclame sans cesse des soins, des embellissements, des restaurations.
La Municipalité et le Conseil Départemental, les cotisations des adhérents (plus d'une centaine de familles ou d'individuels), les dons des fidèles et des pèlerins alimentent tous les projets et permettent leur réalisation.
Elle collabore étroitement avec le conseil économique paroissial qui porte aussi autant de projets.
Voyons-en quelques-unes.
Les cinq sacristies tout d'abord ont été l'objet d'une réorganisation complète à partir de 2015. Elles abritent près de 1000 objets qui appartiennent à la commune au terme de l'inventaire de 1906, ou à la paroisse. Ce trésor mériterait d'être mieux présenté au public émerveillé lors des visites, dont une collection unique d'ornements des XVIIe et XVIIIe siècle. Une paroissienne se propose d'en dresser le nouvel inventaire photographique.
Les archives ont été regroupées dans une salle spécifique. Elles font l'objet d'un classement systématique grâce à un paroissien dévoué. Ces archives se sont enrichies singulièrement en 2018 grâce au legs du baron Olivier de Sambucy de Sorgue. Des pièces exceptionnelles et rares peuvent être accessibles sur demande. Les archivistes diocésains du sud de la France ont été frappés par la qualité du fonds présenté lors d'une visite. Un autre paroissien se passionne par l'histoire religieuse de notre ville et apporte toute son énergie à enrichir nos fonds.
Toutes les salles paroissiales et le presbytère ont fait l'objet d'une entière rénovation; toiture en 2016, peintures, huisseries, jardin, etc...
Mais c'est aussi bien sûr la collégiale qui est l'objet de tous nos soins.
La chapelle Notre-Dame du Château, au sein de la collégiale, présente depuis cette année une réplique de la statue de Marie, la liste impressionnante des prieurs de la confrérie depuis le XVIe siècle, quelques ex-votos peints du XIX e siècle, et quelques-unes des 89 robes anciennes dont la Vierge et l'Enfant se parent lors des célébrations.
La chapelle à la gauche du chœur, autrefois dévolue à sainte Marthe puis au Sacré-Cœur, est désormais consacrée à la Sainte Épine. Cette insigne relique, donnée aux capucins en 1741 par le pape Benoît XIV, cachée pendant la Révolution, a été retrouvée et authentifiée de nouveau par le curé Bondon en 1856. Elle est vénérée chaque Vendredi-Saint. Elle est entourée de magnifiques reliquaires offerts par la reine Marie-Clémentine Sobieska, l'épouse malheureuse et pieuse du dernier roi Stuard. Cette chapelle des reliques met en valeur la richesse exceptionnelle de ce patrimoine spirituel qui faisait autrefois la fierté du couvent des capucins de Tarascon.
Une autre chapelle a bénéficié d'un nouveau décor; la chapelle consacrée au Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus. A l'issue de sa béatification en novembre 2016, il a été décidé de lui dédier un espace dans cette église qu'il connaissait bien. Un reliquaire précieux fut offert par les boulbonnais pour accueillir une phalange du nouveau bienheureux, offerte par l'Institut Notre-Dame de Vie. Au-dessus du reliquaire a été placé un émouvant Christ à la colonne de l'école de Mignard. Il surplombe un bel autel du XVIIIe siècle en pierre, offert par des paroissiennes, qui présente dans son cartouche baroque le Baptême du Christ.
Un tableau, offert par le peintre Philippe Roquette, évoquant les grands moments de la vie du carme, une statue de la petite Thérèse de Lisieux, la plaque des enfants de la paroisse, morts pour la France et une exposition permanente complètent l'ensemble.
La chapelle Saint André a été enrichie, elle aussi, d'une statue de la Vierge à l'Enfant, offerte en 1337 par la reine Sancie de Naples aux clarisses du monastère royal qu'elle avait fondé à Aix-en-Provence. Cette statue précieuse a été donnée à la collégiale par la dernière abbesse des clarisses d'Aix, Mère Marie-Claire du Sacré-Cœur, en 2015, à la fermeture de la communauté. Des paroissiens ont offert un piédestal gothique qui lui convient parfaitement.
Le chœur a été agrémenté de deux anges adorateurs de style baroque, d'une cathèdre du XVe siècle, offerte par une donatrice et d'un nouvel autel en bois du XVIIe siècle de toute beauté, peint en faux marbres par deux consorelles de Sainte Marthe et installé en 2019.
Le baptistère en marbre du début du XIXe siècle a été placé au pied des marches du chœur en 2015 pour favoriser la participation des familles lors des célébrations.
La chaire a été redorée par un frère prémontré en 2016. Elle provient du couvent des ursulines. Elle était ornée des statues en bois doré des quatre évangélistes, dont deux sont visibles dans la sacristie, les deux autres ayant disparu.
La crypte accueille désormais trois statues de Francesco Laurana ; les anges d'une grande finesse qui ornaient le cénotaphe de la sainte de Béthanie.
On y a placé également en 2019, la Vierge à l'Enfant de Tommaso Orsolino, joyau baroque de 1653 commandé par Monseigneur de Marinis.
Enfin, 60 chaises paillées ont remplacé les bancs usagés et un nouveau tabernacle orne la chapelle Sainte Madeleine.
Le clocher enfin a été sécurisé à la suite de deux incidents commis par la même personne, un homme désespéré qui s'y confina au sommet pendant plusieurs jours.
Nous travaillons le dossier à présenter aux évêques puis à Rome, pour que notre collégiale devienne basilique.
Les projets pour l'avenir ne manquent pas...
Mille mercis...
Avant de quitter Sainte Marthe, témoignons notre gratitude à tous ceux qui entretiennent jour après jour ce magnifique vaisseau et se dévouent au sein de notre famille paroissiale avec tant de foi et d'amour.
Ils sont les dignes héritiers de leurs prédécesseurs, maillons indispensables de la longue chaîne des serviteurs du Seigneur, de sa sainte Mère, Notre-Dame, et de leur servante et amie, « Madame Saincte Marthe »